CHAPITRE IV - Des expériences récentes de croissance en milieu catholique

En Italie et en France existent des expériences paroissiales catholiques nouvelles. Ce qui suit présente les Églises San’Eustorgio, près de Milan, et Saint Nazaire, près de Toulon. Leurs pasteurs ont adoptés les groupes de maison typique du MCE qu’ils appellent cellules paroissiales d’évangélisation. On trouve, dans ces deux Églises, d’autres éléments qui montrent l’influence exercée par le MCE sur leur compréhension de la mission et leur manière de s’organiser pour l’accomplir.

4.1 L’Église paroissiale de Sant'Eustorgio en Italie

Don Pigi Perini est un prêtre italien, curé de la communauté paroissiale catholique de Sant'Eustorgio à Milan. Il a adopté la structure des cellules de maison pour mener à bien sa mission. Lorsqu’il fut nommé dans sa paroisse, la proportion de ceux qui fréquentaient la messe du dimanche était alors de douze pour cent. Formé au séminaire, on l’avait préparé au manque de réussite pastorale. Il avait théorisé l’échec : « L'un sème, l'autre récolte… » ; « pourvu que Jésus-Christ soit annoncé… » ; Beaucoup de petites phrases de la Bible, utilisées à contresens, venaient renforcer une mentalité de renoncement ascétique, le manque d'ambition pastorale était justifié par la pauvreté, l'humilité et les autres vertus évangéliques[1]!

Dans l’Église paroissiale voisine, c'était la même chose. Et bien qu’il ait été un jeune prêtre plein de vigueur, son enthousiasme s’est éteint et la routine l'a consumé. Il se réfugiait dans la culture, les homélies savantes et il ne voyait plus, dit-il, que cette culture, dans laquelle il vivait, était païenne. Cela dura un certain temps jusqu’à ce qu’il se trouve devant un choix intérieur : ou bien renoncer à sa vocation de prêtre ou retrouver une nouvelle vitalité et être à la suite de Jésus « pêcheur d’hommes »[2].

C’est alors qu’un prêtre d'origine canadienne, le Père Valeriano Gaudet, o.m.i., est venu chez lui. Il lui a montré un article d'une revue américaine, intitulé : « Paroisse en flammes ». Il s'agissait d'une paroisse de Floride, Saint-Boniface, où le curé, Michel Eivers, animait une communauté particulièrement vivante. Alors il s’est dit : « Allons voir si c'est vrai… ». Il y a trouvé des cellules de maison et une Église paroissiale qu’il n'osait rêver rencontrer, une Église paroissiale en croissance. Il y trouva une orientation fondamentale pour l'évangélisation, une hospitalité chaleureuse, l'adoration eucharistique de six heures à vingt-quatre heures et un grand nombre de ministères laïcs gérés par une structure organique. Le pasteur était à la tête de la communauté, mais il déléguait son autorité avec un grand respect des autres membres.[3]

Dans cette paroisse de Floride, les laïcs avaient une très bonne connaissance des Écritures Saintes, ils ouvraient la Bible comme un livre qu'on connaît et qu'on a toujours sous la main. La majorité (90%) verse la dîme. On y vit le baptême de l’Esprit et une louange vibrante[4]. La paroisse Saint-Boniface est fondée sur l'expérience charismatique. Mais ce n'est pas la chose la plus importante, dit-il, l'important c'est le renouvellement paroissial que les cellules apportent.

Les orientations de base de la paroisse sont les suivantes[5] :

- Les pasteurs de Saint-Boniface ont choisi l'évangélisation comme premier but.

- Ils ont mis sur pied une structure de cellules de maison.

- Ils ont mis l’accent sur la maison, le foyer, l'atmosphère.

- Ils ont élaboré un système pouvant gérer la multiplication des cellules.

Don Pigi a compris qu’il devait prêter une plus grande attention à ceux qui étaient étrangers, éloignés, indifférents à l’Église paroissiale. Le moment était venu pour lui de poser son regard pastoral sur ceux qui étaient en dehors de l’Église. Tant d’années il avait concentré toutes ses énergies et ses efforts sur les mêmes « habitués », toujours fidèles, toujours plus « choyés » et toujours plus réduits en nombre. Sa vision n'allait pas plus loin, elle ne percevait pas ceux qui n’étaient pas là! Pourtant c'est précisément dans ceux qui sont loin, dans ceux que l’on considère perdus, difficiles à rejoindre, indifférents que réside le potentiel de croissance d’une communauté chrétienne. Communiquer sa foi, annoncer Jésus, proclamer la Bonne Nouvelle, voilà les fruits de l’Église paroissiale, la clé de sa croissance et de son avenir[6]!

Mais Don Pigi s’est également rendu compte que ses seules forces ne suffiraient pas. En tant que prêtre, il lui était impossible de rejoindre tout le monde et il lui était surtout difficile de rejoindre les personnes là où elles vivent, au travail, à l'école, en famille ou dans les maisons. Il devait compter sur une Église moins cléricale, se fier à l'œuvre de l'Esprit Saint et compter, comme dans la communauté de Floride, sur les dons de tous les chrétiens. Il avait besoin de les encourager et de les motiver afin d'en faire des évangélisateurs, que ce soit au travail, à la maison, entre amis ou dans leurs immeubles. C'est là l'intuition de base des cellules de maison qu’il appelle cellules paroissiales d’évangélisation. On y invite les membres à témoigner dans leur propre milieu de vie (Oïkos)[7].

Quand Don Pigi est revenu chez lui à Sant'Eustorgio, il a présenté à sa communauté l’expérience de Saint-Boniface et proposé dans son Église paroissiale une formation à partir d'Evangelii nuntiandi[8]. Puis il a choisi des laïcs et leur a proposé une formation de responsables de cellule paroissiales d’évangélisation. Cette formation dura six semaines. Petit à petit, ils sont passés de quatre cellules provisoires à quatorze et leur nombre a progressivement augmenté[9]. Il y a actuellement plus d'une centaine de cellules, dont une trentaine composées uniquement de jeunes et de très jeunes, pour un total de plus d'un millier de personnes[10]. Mais, précise-t-il, la communauté n’est pas seulement « cellulaire », elle est aussi eucharistique, tous sont invités à vivre la célébration de la Messe.

Comme dans l’Église du pasteur Cho, les cellules sont composées de dix à quinze personnes qui se réunissent chaque semaine dans une maison privée. Jésus y est présenté comme Seigneur, c’est-à-dire qu’il est appelé à devenir la personne la plus importante de notre vie, le maître de notre existence, qui devrait être servi d’esprit, de cœur, dans sa famille et dans son travail, dans ses vacances et dans ses temps libres[11]. Un temps est réservé durant la rencontre à l'écoute d'un enseignement hebdomadaire préparé par le curé et distribué par cassettes à toutes les cellules. Ainsi chaque cellule écoute le même enseignement, suit le même cheminement et se nourrit de la même Parole.

Les membres apprennent à prier en s’ouvrant à l'action de l'Esprit Saint. Ils cherchent à reconnaître la présence de Jésus dans leur vie en devenant attentifs aux signes concrets de son amour. Ils apprennent à écouter leurs frères, à faire silence en eux-mêmes pour l'accueillir. Ils font l'expérience de l'amour fraternel, ils partagent leurs difficultés, ils se soutiennent pour surmonter leurs doutes. Pour de nombreux frères et sœurs, une cellule est une première expérience de vie communautaire qui les prépare à s'insérer pleinement dans la communauté paroissiale[12]. Les responsables des cellules sont choisis avec soin par le curé et formés afin de bien remplir leur tâche. Les différentes étapes des rencontres de cellules sont les suivantes : Prières spontanées de louange, partage sur ce qui a été vécu dans la semaine, enseignement, réaction des participants, information sur la vie paroissiale, prière d’intercession et prière de guérison[13].

De la connaissance personnelle du Christ vivant surgit, chez les membres de la cellule, le désir de partager et de proclamer leur expérience aux personnes qui leur sont les plus proches, à celles qu'ils rencontrent habituellement et qui, d'une manière bien concrète, font partie de leur vie. C’est pourquoi les cellules grandissent, leurs membres sont « pêcheurs », au sens évangélique. Ils parlent de Jésus dans leur milieu de vie, ils témoignent de lui par un changement de leurs goûts et de leurs priorités, ils partagent l'expérience de l'amour gratuit, fidèle, miséricordieux, personnel, de Dieu[14]. Ils témoignent dans la famille, au travail ou à l'école, aux amis, à leurs voisins, en un mot : dans leur oïkos, le milieu dans lequel se déroule leur vie quotidienne. De cette façon l'autre n'est plus appelé à rester un étranger : des vies se rencontrent et de nouveaux liens s'établissent.

Les cellules sont profondément insérées dans le contexte paroissial et en lien avec le pasteur. Elles coexistent avec toutes les autres réalités présentes dans la paroisse qui continuent à fonctionner, même si, indubitablement, ces dernières ont trouvé de nouvelles bases, de nouvelles énergies et un nouvel enthousiasme. À travers une structure précise : leaders de cellule, leaders de section, leaders territoriaux, cellule exécutive, le curé est capable de connaître ce qui arrive dans chacune des rencontres de cellules. Il est au courant des principaux problèmes qui peuvent surgir, de l'arrivée de nouvelles personnes, des merveilles que le Seigneur accomplit, de l'orientation et du cheminement des membres, de sorte que, même s'il n'est pas physiquement présent, il peut suivre le déroulement de l’évangélisation[15].

Grâce aux cellules, dit-il, sa paroisse est devenue une vraie famille, une maison fraternelle et accueillante. Toute personne en son sein y trouve sa place, une attention personnelle à ses besoins, à ses dons, à ses limites, ses désirs, à l'instar d'un père qui s'occupe de chacun de ses enfants pris individuellement. Sa communauté chrétienne est devenue le lieu où chacun peut faire l'expérience de l'amour et se rendre compte combien grande est sa capacité de donner et de recevoir. On peut y partager ses joies, ses souffrances, ses doutes et ses découvertes, dans la certitude d'y trouver de la compréhension, un accueil et des réponses. Elle est devenue le lieu de la rencontre avec Dieu où l’on apprend et l’on enseigne à prier, à louer, à communiquer son expérience de Jésus. Le Seigneur y accomplit des merveilles, et il renouvelle continuellement son alliance avec son peuple[16].

Même s’il met beaucoup l’emphase sur les cellules pour l’œuvre de l’évangélisation, le prêtre italien, parle aussi de l’importance de former les chrétiens de sa communauté. Les former d’abord à la prière; une prière ardente, qui ne soit pas formaliste, mais qui prenne vie dans la parole de Dieu, la liturgie et la contemplation : Nous exhortons les évangélisateurs quels qu'ils soient à prier sans cesse l'Esprit Saint avec foi et ferveur et à se laisser prudemment guider par lui comme l'inspirateur décisif de leurs plans, de leurs initiatives, de leur activité évangélisatrice[17]. Il explique à ses paroissiens qu’on ne peut assurer une transmission authentique de la foi que si on en fait l’expérience personnelle. La foi doit être accueillie comme une réalité vécue qui soit transformante[18]. Il souhaite faire naître dans le cœur des chrétiens le désir de grandir dans une relation personnelle avec Dieu dans la prière, l'écoute personnelle de la Parole, la participation aux sacrements, l'accompagnement spirituel, la catéchèse et l’implication communautaire : Dieu donnera certainement le don de la foi à qui le cherche de tout son cœur : de ce don reçu le croyant pourra et saura en témoigner[19].

Don Pigi souhaite aussi donner aux membres de sa communauté le souci de ceux qui ne sont pas là, le désir de se faire proches, de créer des liens et de rendre service. Avant d'être une annonce dans l'Esprit, une manifestation de puissance, le mystère du salut annoncé aux êtres humains a été amour et service[20] : Celui qui pratique le service au nom de Jésus doit rechercher les exigences et les problèmes du frère que le Seigneur appelle à évangéliser. « Cherche la plaie et soulage-la ! » est une devise qui semble bien exprimer cette méthode[21]. Voir les blessures intérieures, les attentes et les aspirations de notre prochain et essayer d’y répondre. Créer des liens, entrer en relation, donner de son temps, de son sommeil, de sa tranquillité, et parfois même de son argent, afin que celui qui reçoit se rende compte à quel point on est prêt à s'engager pour lui et ceci d’une manière gratuite et désintéressée. Il sera alors profondément interpellé et disposé à écouter notre témoignage et à y croire[22].

Le souci de Don Pigi est aussi de former les membres de son Église paroissiale à témoigner. Il cite la parole de Jésus au Gérasénien dans l’Évangile de Marc : « Va chez toi, auprès des tiens, et rapporte-leur tout ce que le Seigneur a fait pour toi dans sa miséricorde » (Mc 5:19). Il cite aussi la Samaritaine qui témoigne dans son village, amenant ses habitants à écouter Jésus et croire en lui (Cf. Jn 4). Ces deux personnages ont été des témoins efficaces parce qu’ils ont fait l'expérience de la puissance de Jésus et de sa miséricorde[23]. Une catéchèse peut apprendre à évangéliser et aider les chrétiens à se perfectionner, mais il faut avant tout leur faire vivre, dans un processus continu, l’expérience de Jésus vivant et agissant dans ce monde ; c’est de cela qu’ils pourront témoigner. Ni la capacité des moyens de communication, ni la propagande ne pourront déclencher l'accueil de l'Évangile, pas plus que les discours radicaux ou savants ne pourront convertir les cœurs[24] (Cf. 1Co 2:1-5), ni même les « bons » chrétiens, ceux qui le sont apparemment depuis toujours, mais qui n'ont jamais expérimenté dans leur vie de changements réels et de conversions sincères… Évangéliser n'est pas la même chose que convaincre, il ne s'agit pas d'aider quelqu'un à parvenir à une compréhension intellectuelle de l’Évangile. L'évangélisation est le témoignage de ce que Jésus a fait pour eux dans leur vie, elle est le témoignage de la joie qui leur a été donnée par l'Évangile, de la transformation qui est survenue suite à leur rencontre avec le Sauveur[25]. Celui qui a été évangélisé deviendra plus facilement un évangélisateur; un converti saura aider plus efficacement d'autres personnes dans leur cheminement de conversion[26].

4.2 L’Église paroissiale de Sanary-sur-Mer en France

Une autre expérience en milieu catholique se trouve à la paroisse Sanary-sur-Mer en France. Des cellules de maison y ont été formées à partir de décembre 1995. La communauté a commencé avec trois cellules, composée chacune de dix personnes. Les paroissiens sont maintenant deux cents à se réunir hebdomadairement dans des maisons privées. Tout a commencé en décembre 1994, lorsque la paroisse a changé de curé. Dans cette petite ville balnéaire de 15000 habitants, la communauté chrétienne comptait moins de 500 fidèles. Plusieurs étaient engagés dans les activités paroissiales : catéchisme, rosaire, pastorale pour les jeunes, liturgie, mouvements divers, mais les personnes du troisième âge formaient une bonne partie de la communauté.

Le curé, ayant eu vent de l’expérience de Sant'Eustorgio a présenté l’idée à son Conseil paroissial. Puis il s’est rendu à Milan avec son vicaire et deux groupes de laïcs pour visiter la communauté italienne. Là, ils ont participé à un Séminaire international de cellules paroissiales d’évangélisation.

De retour en France, ils ont décidé de mettre en place les cellules. Les premières personnes à en faire partie avaient au préalable participé à la fois à une formation théorique et à une formation pratique qui consistait à vivre durant trois mois une expérience de cellules provisoires[27]. À l’origine composées d'une dizaine de membres, les cellules ont assez rapidement atteint seize personnes. Les groupes se sont alors partagés en deux, multipliant le nombre de cellules... Il y en a maintenant dix-huit dont deux composées de jeunes de quinze à dix-huit ans. Elles se réunissent une fois par semaine et leurs membres cherchent à annoncer la Bonne Nouvelle dans leur milieu par la parole et le service. Ils prient pour ceux et celles qu'ils évangélisent ainsi que pour les membres des cellules afin d’acquérir une mentalité missionnaire. Les cellules sont destinées et organisées pour grandir; chaque membre de la cellule amène peu à peu de nouvelles personnes : parents, voisins, amis, collègues de travail ou de loisirs. Quand il y a au moins quinze membres, la cellule se partage et deux nouveaux groupes sont formés avec le même objectif de se multiplier.

Comme dans la paroisse de Milan, l’emphase est mise non seulement sur les cellules, mais aussi sur la prière communautaire. L'adoration du Saint-Sacrement a été instaurée pour soutenir l’effort d’évangélisation. Il y a exposition de sept heures à dix-neuf heures, tous les jours. Les paroissiens prient pour acquérir une mentalité missionnaire[28]. Ils viennent prier à l'heure qui leur convient ; rares sont les moments où l’église est vide. Une fois par mois, il y a une soirée communautaire d'adoration eucharistique de vingt et une heures à minuit. La prière se veut le point de départ de leur évangélisation. Durant les rencontres de cellules, ils prient pour ceux qu'ils évangélisent. Chaque membre fait aussi une liste écrite de quelques personnes qu'il confie quotidiennement au Seigneur[29].

À part la participation aux rencontres de cellules, beaucoup des membres de l’Église sont engagés dans un ministère paroissial : l’accompagnement des familles en deuil, la liturgie, la catéchèse, les services auprès des pauvres, la chorale, la préparation au mariage, le secrétariat, le service paroissial de garde d'enfants, l’accueil des fidèles pendant les messes, etc.

Leurs cellules ont sept buts :

1. Grandir dans l'intimité avec le Seigneur;

2. Grandir dans l'amour réciproque;

3. Partager Jésus[30] avec les autres;

4. Développer le ministère dans le corps mystique qu'est l’Église paroissiale;

5. Donner et recevoir du soutien;

6. Former de nouveaux responsables;

7. Approfondir l’identité chrétienne[31];

Elles ont lieu une fois par semaine, durent environ une heure trente et sont centrées sur l’évangélisation. Elles se déroulent toujours selon un même schéma :

- Chants et prière de louange

- Partage

- Enseignement du curé de la paroisse transmis par notes, sur papier, ou par cassette audio.

- Approfondissement de l'enseignement du curé

- Annonces

- Prière d'intercession et prière d’imposition des mains appelée prière des frères[32].

Leur processus d'évangélisation comporte six phases[33] :

1°) Rendre service à quelqu’un : Les membres des cellules cherchent à interpeller des personnes et à mettre en pratique l’impératif : Cherche la plaie et guéris-la[34].

2°) Le témoignage de conversion et de foi chrétienne : La personne dont le chrétien a gagné la confiance s'ouvre grâce au pont d'amitié construit. Il lui parle du salut en Jésus et de la place qu’Il occupe dans sa vie.

3°) Réponse aux doutes et aux préjugés : Le chrétien cherche à aider la personne à dépasser les préjugés, les hésitations et les peurs.

4°) Invitation à un acte de confiance et d’engagement envers le Christ : Le chrétien invite la personne à confier sa vie à Jésus et à s'engager envers lui.

5°) Entrée dans la cellule : Dans la cellule la personne est accueillie avec chaleur. Pendant la rencontre elle sentira le besoin d'approfondir son propre engagement et de connaître à la fois la communauté et le pasteur.

6°) Entrée dans la communauté et dans la mission : La personne évangélisée a maintenant pris conscience des dons que le Seigneur lui a faits. Dans son désir de le servir, on lui propose de faire la liste des personnes de son milieu de vie et de devenir à son tour évangélisatrice.

Le responsable de l’Église paroissiale de Sanary explique que leur processus d’évangélisation est un ensemble organique qui garde une référence avec le pasteur et où toutes les parties ont une relation et une dépendance réciproque. Le groupe de maison est appelé cellule paroissiale d’évangélisation parce qu’il est comme une unité biologique fondamentale, capable d'avoir une vie autonome et de donner la vie à travers un processus de multiplication[35]. Les cellules ont pour objectif principal l’évangélisation et elles sont paroissiales parce que le tissu où elles se greffent est exclusivement la paroisse.

L’Église paroissiale de Sanary décrit les groupes de maison comme des lieux privilégiés pour les évangélisateurs car les réunions permettent à leurs membres engagés de se ressourcer : on n'évangélise pas seul, explique-t-on. Ils sont aussi des lieux privilégiés pour ceux qui reviennent à l’Église paroissiale, après s’en être éloignés pendant un certain temps, la cellule est en quelque sorte une communauté de médiation avant la grande communauté qu'est la Paroisse[36].

Pour cette Église paroissiale française qui s’inspire très fortement de l’expérience milanaise, la structure et la méthode des cellules paroissiales ont été une occasion de s’engager dans la nouvelle évangélisation sans ébranler les structures traditionnelles. Elles leur ont permis de se renouveler de l'intérieur en faisant appel à la participation des laïcs. Elles ont aidé toute la communauté chrétienne à redécouvrir son identité profonde et sa mission d’annoncer le Christ. La vie de tous ses membres s’en est trouvée transformée[37].

4.3 Conclusion

Nous voyons dans l’expérience italienne et l’expérience française de nombreux points communs avec les Églises évangéliques en croissance ; qu’il s’agisse des groupes de maison, de la priorité donnée à l’évangélisation, de l’insistance sur la prière et le renouveau spirituel de la communauté, de la communication de l’Évangile aux personnes que l’on connaît déjà, de l’implication de tous les membres de l’Église dans l’évangélisation, de la formation des responsables laïcs et de la délégation des tâches, du souci de répondre aux besoins du milieu (Find a need and fill it ; Find a hurt and heal it dit le pasteur Galloway ; Cherche la plaie et soulage-la reprend Don Pigi), de la formation des laïcs aux méthodes d’évangélisation.

Avant de commencer leur projet missionnaire, les pasteurs de ces paroisses catholiques sont allés visiter d’autres communautés renouvelées par les groupes de maison et si l’on remonte à la source, on arrive à la communauté évangélique de Séoul. Le curé de Saint Nazaire (Sanary-sur-Mer) a été rencontrer le curé de l’Église Sant'Eustorgio (Milan) qui lui-même a été voir l’Église Saint Boniface (Floride) dont le pasteur s’est directement inspiré de l’expérience du pasteur Cho et d’une autre assemblée typique du MCE[38] : l’assemblée du Calvaire de l’Église de Dieu à Orlando où il y avait à l’époque 1000 groupes de maison[39]. Une fois rentrés chez eux, ils ont formé des membres, appris à travailler avec eux et leurs ont confié de réelles responsabilités.

Ainsi la croissance et le renouvellement de la communauté chrétienne ne sont pas tant une question de doctrine que d’une manière particulière de comprendre la mission chrétienne et d’organiser l’Église locale. L’organisation de l’Église est fondamentale dans l’approche du MCE. Dans le chapitre qui suit nous allons observer les similitudes entre les principes pastoraux et missionnaires utilisés dans les Églises reliées aux MCE et les sciences de l’organisation.


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NOTES

[1] G. Macchioni, Évangéliser en paroisse : L’expérience des Cellules Paroissiales d’Évangélisation, 2e édition, Nouan-le-Fuselier, Editions Pneumathèque, 1996, p. 8.

[2] Cf. ibid., p. 9.

[3] Cf. ibid., p. 10.

[4] Cf. ibid., p. 11.

[5] Cf. ibid., p. 12.

[6] Cf. ibid., p. 20.

[7] Cf. ibid., pp. 20-21.

[8] Evangelii Nuntiandi est l’exhortation apostolique L’évangélisation dans le monde moderne de Paul VI (1975).

[9] Cf. ibid., p. 14.

[10] Cf. ibid., p. 22.

[11] Cf. ibid., p. 17.

[12] Cf. ibid., p. 20.

[13] Cf. ibid., pp. 110-116.

[14] Cf. ibid., p. 19.

[15] Cf. ibid., pp. 21-22.

[16] Cf. ibid., p. 16.

[17] Paul VI, Evangelii Nuntiandi (exhortation apostolique, l’évangélisation dans le monde moderne), Coll. L’Église aux quatre vents, Montréal, Fides, 1975, § 75.

[18] Cf. G. Macchioni,, op. cit. p. 77.

[19] Ibid., p. 78.

[20] Cf. ibid., p. 80.

[21] Ibid., p. 84.

[22] Cf. ibid., p. 84.

[23] Cf. ibid., p. 87.

[24] Ibid., p.88.

[25] Cf. ibid., p. 89.

[26] Ibid., p.89.

[27] Cf. Église Saint-Nazaire, http://celsanar.citeweb.net/.

[28] Ibid., http://celsanar.citeweb.net/serpriad.htm#prière.

[29] Cf. ibid., http://celsanar.citeweb.net/serpriad.htm#prière.

[30] On entend par l’expression partager Jésus : partager la connaissance de Jésus.

[31] Ibid., http://celsanar.citeweb.net/4pou7obj.htm#7buts.

[32] Ibid., http://celsanar.citeweb.net/renccell.htm.

[33] Cf.ibid., http://celsanar.citeweb.net/filet.htm.

[34] Cette phrase est reprise du livre de Don Giuseppe Macchioni, Évangéliser en paroisse : L’expérience des Cellules Paroissiales d’Évangélisation (p. 84) décrivant l’expérience milanaise. En fait, elle avait sans doute été déjà reprise de Dale Galloway dans son livre 20/20 Vision (p. 105).

[35] Église Saint-Nazaire, http://celsanar.citeweb.net/4pou7obj.htm.

[36] Église Saint-Nazaire, http://celsanar.citeweb.net/constcel.htm#qui.

[37] Église Saint-Nazaire, http://celsanar.citeweb.net/histsana.htm.

[38] Cf. M. HEBRARD, Les Charismatiques, Paris, Éditions du Cerf, 1991, p. 63.

[39] Le lien entre le MCE et les expériences catholiques n’est pas une hypothèse mais bien une réalité démontrée par l’influence qu’ont exercé les communautés évangéliques de Séoul et d’Orlando sur le curé de l’Église Saint Boniface. Et c’est de Saint-Boniface que s’est ensuite répandu en Europe le système des cellules paroissiales d’évangélisation.