SOMMAIRE


Dans la deuxième partie du vingtième siècle, certaines Églises reliées au Mouvement de la croissance des Églises (MCE) ont connu un développement numérique très important. Dans le contexte général de décroissance des Églises traditionnelles en occident, cette croissance vient désinstaller la conviction que la désaffection des communautés chrétiennes est inévitable. Cette étude se penche sur ces expériences d’Églises et jette un regard sur les conseils organisationnels promus par le MCE.


Reliée à ces expériences de croissance est apparue une littérature abondante donnant des conseils pratiques visant à multiplier les membres des communautés chrétiennes. On y invite les responsables à se fixer des objectifs numériques et à dessiner des graphiques de croissance. Cette recherche veut démontrer que la mission de l’Église comprise uniquement en termes d’évangélisation et de croissance numérique n’a que peu de sens à offrir à la lumière de l’Évangile et qu’il importe d’offrir aux communautés un modèle missionnaire plus global et plus équilibré qui tienne compte des différentes fonctions de l’Église.


L’originalité de cette thèse vient de ce qu’elle fait mieux connaître le Mouvement de la croissance des Églises aux milieux chrétiens francophones traditionnels. Elle décrit aussi des expériences méconnues de croissance ecclésiales et engage une réflexion profonde sur la mission et sur la manière de s'organiser pour l'accomplir.


Les conseils pratiques proposés par les pasteurs et les théologiens reliés au MCE sont observés et un parallèle est fait avec les outils de gestion visant le développement des organisations. La problématique qui ressort de cette observation et de cette comparaison est non seulement théologique mais aussi téléologique car les organisations qui ont une visée essentiellement quantitative et qui recherchent, avant tout, la performance et la croissance, expérimentent des problèmes existentiels relatifs à la fin visée.


Actuellement, l’Église est dans une période où elle cherche de nouveaux moyens d’évangéliser. Mais une volonté de croissance numérique trop prononcée pourrait faire oublier le but premier de la mission qui est la communication de l’amour de Dieu au monde. Sans ce motif essentiel, la mission chrétienne perd son sens. Cette étude réajuste certaines orientations du MCE et propose un modèle missionnaire original. À la lumière de plusieurs référents, des solutions sont envisagées et intégrées aux conseils de départ pour en arriver à une organisation missionnaire qui vise une croissance intégrale plutôt qu’une croissance numérique.


Grâce à un agencement des fonctions de l’Église autour du motif de l’agapè et de la proposition d’un salut intégral, le modèle proposé génère un sens plus profond qu’une simple recherche de croissance numérique. Il offre une synergie organisationnelle permettant à toutes les fonctions de l’Église de se déployer et à tous les membres de s’impliquer dans la mission. Les activités de l’Église tiennent compte de la culture du lieu, elles sont bâties pour répondre aux besoins de l’environnement et pour lutter contre les différentes formes de pauvretés qui s’y trouvent. Ce n’est pas seulement la multiplication des membres de la communauté chrétienne qui est visée, mais aussi leur croissance et leur implication dans les différentes fonctions et l’Église.


Les groupes de maison font partie intégrante de la structure du modèle, favorisant ainsi la communion entre les chrétiens et l’émergence de nouveaux services. L’adaptation à l’environnement socioculturel, la croissance des membres de la communauté chrétienne, leur implication dans la mission et enfin l’amélioration continue des services offerts par la communauté sont les éléments essentiels du modèle.