CHAPITRE XIV - Prise en compte d’éléments contextuels pour la mise en place du modèle de croissance intégrale


Le diagramme qui schématise le modèle de croissance intégrale (Ch 12.1) montre que l’Église est greffée dans un milieu socioculturel particulier, une terre locale dont il faut tenir compte. Ce chapitre vise à montrer comment être à l’écoute de certains éléments d’une culture et d’un milieu pour ajuster le modèle. L’exemple pris ici est le contexte québécois et les particularités organisationnelles des Églises locales catholiques. Il ne s’agit pas d’une observation socioculturelle détaillée mais d’une réflexion qui est consciente de ses limites et qui pourrait éventuellement être approfondie. Elle concerne aussi seulement les grands traits d’une culture. Et comme les Églises ont aussi une dimension encore plus locale, à savoir qu’elles sont greffées dans un quartier précis d’une ville ou dans une zone rurale, les communautés ont un travail d’observation à faire à ce niveau. Il y a plusieurs milieux dans une même culture avec leurs caractéristiques particulières et l’on doit en tenir compte pour la mise en place du modèle.

14.1 Certains éléments du contexte québécois qui peuvent influencer le modèle

Ce qui suit n’a pas la prétention d'offrir une présentation exhaustive, des traits culturels de la société québécoise actuelle. On y dégage plutôt quelques caractéristiques pouvant conditionner la mise en place et l’application du modèle. La culture québécoise est variée et il serait bien difficile de tout classifier dans des catégories bien précises : Le Québec est, dans une certaine mesure, composé de mondes différents et de sous-cultures[1]. Cependant certaines de ses composantes peuvent être identifiées, que ce soit le pluralisme ethnique, la révolution médiatique en cours, la confusion au niveau des croyances, une culture issue du catholicisme et de la lutte pour l’ « identité québécoise », une culture démocratique et individualiste ayant comme particularité une valorisation importante du sujet et de l’expérience.

14.1.1 Déluge d’information et pluralisme

Au Québec comme dans la plupart des pays industrialisés, nous sommes en présence d’un bouleversement médiatique qui s’intensifie avec la révolution Internet. Cette technologie change de manière radicale non seulement le rapport au savoir, mais aussi la conception même de communauté. Chaque personne créée, choisit sa communauté sociale par les personnes avec qui elle est en relation. À cause de ce choix qu’il permet, Internet constitue un des éléments qui actuellement transforme le plus l'environnement culturel et communautaire dans lequel évoluent les Québécois et les Québécoises.


Le volume d’information et la capacité de communication produits par ce nouveau média sont tels qu'ils ne sont limités que par la capacité d'absorption des utilisateurs. Mais la conséquence est un isolement encore plus grand des individus au niveau local. Déjà la télévision avait diminué les échanges entre les personnes d’un même lieu : famille, voisinage, quartier. Et la prolifération des grands centres commerciaux, même dans les petites villes, a réduit les échanges dans les quartiers. Le paysage des communications entre les personnes est bouleversé et l’existence des églises, dans certains endroits qui ne sont plus des lieux de rencontre naturels, devient soit une aberration soit une planche de salut. Aberration si l’on souhaite que l’Église soit présente et visible là où les gens se réunissent naturellement[2], planche de salut si l’Église se donne pour objectif d’être une oasis communautaire et relationnelle dans un désert.


Il faut tenir compte de cette évolution dans les habitudes communicationnelles et relationnelles des Québécois et des Québécoises dans le modèle de croissance intégrale. En effet, dans celui-ci, la diffusion de l’information est essentielle. Créer un site Internet pour diffuser les informations servirait les membres de l’Église pour qu’ils puissent prendre des initiatives; il servirait aussi à faire connaître les services offerts par l’Église. Des discussions « en ligne »[3]peuvent être imaginées pour que les membres communiquent entre eux. Il n’y alors plus de distance physique entre les membres. Mais à cause de la pauvreté humaine des communications virtuelles, l’Église dans un lieu physique et particulièrement les groupes de maison, a encore l’avantage d’offrir de vraies relations humaines, des relations ou l’autre est là en chair et en os. La communication y a une dimension plus intégrale que la communication virtuelle même si l’on utilise une Webcam[4] et d’un système retransmettant la voix.


Le contexte québécois en est un d’indécision et de choix en matière de croyance. La multiplicité des options offre une multitude de « chemins de saluts » dans un hypermarché d’opinions et d’idées. Les personnes peuvent et veulent choisir pour elles-mêmes leurs normes de conduite et leurs croyances. Mais cette surabondance d'informations religieuses et de possibilités peut avoir un effet de désarroi[5] et provoquer une nostalgie de l’homogénéité religieuse et morale du passé. Les affiliations religieuses traditionnelles demeurent relativement stables[6] et beaucoup se disent catholiques même s’ils n’assistent pas ou presque pas aux offices religieux.


Dans une telle situation, le modèle de croissance intégrale trouve sa place, car les cours qu’il propose à ceux et celles qui veulent commencer ou recommencer un cheminement de foi, restent basés sur l’enseignement traditionnel[7] de l’Église. Le contexte invite ceux et celles qui donnent ces cours à mettre les participants en contact avec les éléments de l'initiation chrétienne qui étaient, il y a encore peu de temps, réservés à la période de l'enfance, tout au moins dans les Églises catholiques. Les cours auront avantage à s'appuyer sur certains acquis de l'enfance de manière à les fonder plus solidement et à les conduire à leur maturité. Leur contenu devra idéalement s’adapter aux adultes auxquels on s'adresse, tantôt comme initiation évangélisatrice, tantôt comme formation ou comme approfondissement d’une formation initiale déjà reçue.


Le modèle aura à tenir compte des personnes de « type » indifférent, hésitant ou qui retardent à s'engager sur le plan de la foi. Si elles sont ouvertes à certaines propositions religieuses, elles se montrent sélectives et refusent les systèmes absolus. Elles sont réticentes face à un militantisme religieux trop fervent et se montrent réservées par rapport à l’embrigadement institutionnel[8]. Elles préfèrent l'appartenance partielle, ce qui a des conséquences sur l’application du modèle de croissance intégrale. Il s’agira d’être plus patient face à certaines personnes et de discerner celles à qui l’on ne doit pas demander trop d’engagement.


On aménagera un processus de cheminement permettant un engagement progressif sur le plan de la foi et de l'engagement ecclésial. L'Église doit être en mesure d'accueillir des personnes plus réticentes et leur offrir des cheminements qui diffèrent de ceux destinés aux gens qui veulent s'engager plus intensément dans la formation en vue de l’implication dans la communauté. Les premiers cours, pour elles, peuvent prendre la forme d’espaces d'accueil et de rencontre[9] aussi bien sur le plan de la célébration, de l'interrogation et de la réflexion éthique que sur le plan du sens de l'existence et de l'engagement à la suite du Christ.


Aujourd’hui, au Québec, ce sont les informations médiatisées et non les savoirs communiqués par l’Église (ou les Églises) qui forment la base des connaissances religieuses des individus. On a affaire à un mode d'accès individuel à la connaissance[10] qui ne garantit pas une entrée et une compréhension ordonnée des éléments de la tradition chrétienne. Les individus seront mis en présence d'une diversité de sources d'information et à une grande variété de contenus[11].


Les cours du modèle de croissance intégrale pourront, avant d’annoncer le Kérygme et de continuer sur un parcours catéchétique, partir de ce qui a intéressé et interpellé les personnes présentes, que ce soit une lecture sur les templiers ou l'apocalypse, des informations recueillies sur Internet ou à l'occasion d'une exposition, d’une prédication d’un preacher américain à la télévision, d’un reportage télévisé sur Mère Térésa ou une autre figure ecclésiale connue, d'un film sur Jésus, etc.. En repérant le biais par lequel les participants se sont sentis interpellés par la tradition chrétienne, les personnes qui donnent les cours pourront mieux discerner quels sont les acquis et les points à approfondir dans le futur.


Par ailleurs, de nombreux Québécois et Québécoises assistent encore de manière ponctuelle à des célébrations liturgiques au moment d'un passage important de leur vie : baptême, funérailles, mariage, etc., et à des célébrations en lien avec les fêtes de Noël et de Pâques. Nous recommandons donc que les animateurs et animatrices des cours repèrent les interrogations des participants face aux bribes d’enseignement reçues et leur offrent un axe référentiel capable de fédérer les informations éclatées et de les organiser autour de l'essentiel du message chrétien.


Dans une société où, par l’influence des médias, on se sert des émotions et des images pour transmettre un contenu conceptuel, où l’on privilégie une approche de la réalité basée sur l'instantané et les flashes, où l’on valorise la dimension spectaculaire et sensationnelle d'un événement et où l’on élabore un savoir en lien avec l’intérêt du moment, le modèle de croissance intégrale devra tenir compte de ces éléments contextuels qui habituent les personnes du milieu à cette forme de communication. En l’absence de certaines techniques similaires de communication, le message chrétien sera peut-être moins efficacement transmis. Des efforts seront donc nécessaires à ce niveau pour offrir des enseignements qui se servent des médias modernes, qui soient reliés aux besoins et aux intérêts des personnes, tout en offrant, comme il a été dit plus haut, un axe référentiel permettant d’ordonner les informations. Cet axe sera élaboré par l’Église elle-même afin de donner corps et logique à la présentation du message chrétien.


Le Québec est aujourd'hui pluriculturel. Différents systèmes culturels, différentes croyances et différents comportements s'y côtoient et les personnes sont de plus en plus mobiles. Il y a de nombreux groupes religieux dont certains sont réellement en compétition les uns avec les autres. À cause des mélanges d’informations et de croyances, l'identité du croyant se retrouve souvent plus ou moins éclatée. Mais ce pluralisme peut être considéré comme une chance car il rend possible la libre confession religieuse, invite à un cheminement personnel et fait grandir, chez un nombre croissant de personnes, le désir d’avoir un cadre cohérent qui donne plus d’unité à l’information déjà acquise. Les cours donnés dans le modèle de croissance intégrale répondent ainsi à ces besoins actuels.


Le pluralisme permet à l'Église de retrouver en partie sa fonction de guide et de référence dans un monde où tout est confus. Bien qu’elle ne puisse prétendre avoir le monopole de la vérité, elle peut faire figure, par son expérience (2000 ans d’existence) de point de repère dans un monde de consommation ou tout est « jetable » et éphémère. Mais le pluralisme ambiant au Québec oblige le modèle de croissance intégrale à ne pas s’enfermer sur lui-même, sur des codes qu’il pourrait acquérir avec le temps, sur ses « solutions », sur ses discours, pour être en constant dialogue avec le monde qui l’entoure et rester en relation avec un monde qui change. Il est nécessaire de rencontrer l'autre sur son propre terrain[12] et de savoir fréquemment réviser le processus pastoral et missionnaire qui incorpore à la communauté chrétienne.

14.1.2 Culture du sujet, culture démocratique et culture de l’expérience

La revalorisation du sujet constitue un trait caractéristique de notre culture. (…) L'émergence du sujet est une des caractéristiques principales de la modernité[13]. La revalorisation du sujet, comme phénomène culturel, a des conséquences sur le plan de la communication de la foi. Il faut considérer les fidèles comme de véritables acteurs. Ils ne sont pas simplement des récepteurs enregistrant un message écouté. Dans le modèle de croissance intégrale, il est recommandé que les personnes en cheminement ne soient pas assujetties à un enseignement à caractère trop dogmatique qu’ils seraient tenus d’accepter sans participer. Mieux vaut les aider à interpréter leur existence à la lumière de la Révélation, comme cela se fait entre autres dans les CEBs, à travers une approche libre et dialogale. Les acteurs seront encouragés à prendre la parole pour se situer face à la tradition chrétienne ou, du moins, face à ce qu’elle est pour eux à ce moment-là.


Les Québécois et les Québécoises désirent de plus en plus êtres autonomes, consultés, entendus et réclament le droit de participer et de décider. Et c’est dans cette ligne qu’est construit le modèle de croissance intégrale qui souhaite ouvrir les portes de l’Église à la participation de l’ensemble des membres de la communauté.


C’est aussi l'esprit démocratique, jusque dans l’Église, qui marque profondément la culture du Québec : La vie démocratique favorise l'initiative de l'individu et tend à l'affranchir des logiques dominatrices des institutions, des appareils et des systèmes[14].


Cette approche peut avoir un côté très évangélique, pour éviter aux modèles d’Église en place, quels qu’ils soient, d’imposer une façon de faire sans la consultation et le consentement de la communauté. S’il y a certains éléments dans l’Église qui ne peuvent être gérés par une approche démocratique, il n’en reste pas moins que de nombreuses actions missionnaires et pastorales peuvent être décidées en commun.


L’esprit démocratique invite aussi les membres de la communauté chrétienne à plonger dans les débats et les discussions publiques de leur milieu. Le sujet de Dieu se retrouve souvent sur la place publique et les chrétiens sont invités à le présenter comme un élément vital qui rejoint les questions que les gens portent effectivement dans leur vie quotidienne[15].


Il faut poser explicitement la question de Dieu et de son salut à partir des différents terrains séculiers, des réalités économiques et sociales, car la foi ne se vit pas dans un domaine séparé de la vie et ne s'enferme pas dans l'enceinte des temples. Elle doit être publique et reliée aux différents aspects de l'existence[16].


Le monde contemporain est dans une période de quête spirituelle. Du matérialisme moderne surgit de nouvelles voies spirituelles, éthiques, et des ressaisies diversement modulées des richesses (des) patrimoines historiques culturels et religieux[17] :


Depuis le début des années 1980—qui l'eût cru?—l'intérêt spirituel n'a fait que croître chez un bon nombre de gens d'ici Cette effervescence étonne après le rejet de l'héritage religieux de la chrétienté et après une période de sécularisation qui avait rapatrié les objectifs ultimes de vie dans le bonheur ici-bas, les biens matériels d'une certaine prospérité, la libéralisation des mœurs, les promesses de progrès sans limite véhiculées par des idéologies séculières: libéralisme économique, socialisme, néo-nationalisme laïque[18].


Deux attitudes peuvent toutefois être identifiées, la méfiance justifiée d’un retour à une religion austère et culpabilisante à caractère janséniste ou marquée de fondamentalisme et, paradoxalement, à l’opposé l’engouement aveugle pour des mouvements à caractère sectaire qui prétendent avoir la solution à tous les problèmes. L'Église sera plus crédible si elle entre en dialogue avec cette recherche de Dieu et ne propose pas des modèles dépassés. Il s’agit pour elle de vivre et de s’adapter au milieu dans lequel elle est greffée. C’est bien le but du modèle de croissance intégrale d’arriver à annoncer l'Évangile en paroles et en actes selon les besoins et les modes de communication propres du milieu. Se revivrait alors à la fois le miracle de la Pentecôte qui permit à toutes les nations d’entendre l'Évangile dans leur propre langue et celui de la première communauté chrétienne où les membres recevait selon les besoins de chacun (Ac 2:47).


Les convictions intimes des personnes d’aujourd’hui s'enracinent dans l'expérience. Quelque chose est vrai dans la mesure où l’on en fait l'expérience personnelle. C’est un des aspects du mouvement charismatique qui fait de l’expérience de l’Esprit, et de la relation personnelle avec Jésus-Christ, la base de la vie chrétienne. Dans un tel contexte, l’aspect doctrinal de la religion n’est pas significatif, il peut même répugner, étant considéré par beaucoup comme une barrière confessionnelle, un signe d’intolérance et de division : L'expérience spirituelle est souvent posée comme une nouvelle liberté intérieure, une libération d'une religion de formules, de rites, de dogmes, de prescriptions, de pratiques extérieures. Il y a là une première réappropriation personnelle[19].


La notion d’expérience se retrouve dans l’ensemble des étapes de la vie avec ses temps forts, ses événements importants, ses tournants, ses passages, ses épreuves, ses dépassements. Elle est un « spirituel incarné », dans ses diverses dimensions de la vie[20].


Le modèle de croissance intégrale aura avantage à tenir compte de cet aspect contextuel dans lequel l'expérience a plus de poids et plus d'autorité que ce qui se propose de manière théorique[21].


L’enseignement traditionnel ne représente plus un ensemble de réponses intemporelles et il sera sévèrement critiqué avant d'être éventuellement assumé par l’individu. Mais il a quand même l’avantage d’être passé par l’épreuve du temps et c’est ce qui fait sa force et son attrait dans notre monde rempli de différentes vérités et croyances qui changent avec les modes et les saisons. Présenté de manière à mettre les personnes en dialogue avec les témoins du passé et du présent, ceux qui ont pu vivre et qui vivent des situations similaires à celles des personnes en cheminement, l’enseignement dans les groupes de maison permettra de ne pas fournir une simple série de dogmes ou de réponses préfabriquées, mais d’ouvrir à d'autres expériences de foi qui peuvent servir d’exemple.


La tradition exprime ce qu'ont confessé des croyants aux prises avec des situations existentielles parfois dramatiques et quelquefois limites qui ressemblent à nos quêtes contemporaines, nos recherches et nos questionnements[22].


Ainsi proposée, ainsi comprise, la tradition permet au sujet de se décentrer de lui-même et d'entrer dans un dialogue fécond avec d'autres points de vue[23] qui éclairent sa propre expérience sur laquelle il veut bâtir ses propres convictions.

14.1.3 Pluralisme et culture mondiale

Difficile de désormais rêver d’une société « pure laine » constituée de Québécois et Québécoises de souche. Le nombre grandissant d'immigrants de toutes races et de toutes nationalités continuera de mettre à mal l'homogénéité du passé. Plus de quarante mille enfants multiethniques peuplent les écoles de Montréal et, dans une école sur six, ceux-ci sont majoritaires par rapport au Québécois et Québécoises de souche[24]. C'est là une donnée des plus significative pour l’avenir du Québec qui interpelle fortement la manière dont il faut aborder la mission ecclésiale.


Lorsque je demandais à Claude Houde, pasteur de l’Église en croissance numérique à Longueuil, les éléments culturels dont il fallait tenir compte dans l’évangélisation dans son milieu, il me parla du pluralisme. Pour lui, il est presque impossible de trouver une homogénéité sociale et culturelle permettant de dresser un portrait type des habitants de son milieu. Dans un tel contexte, il n’est pas facile de configurer son Église pour rejoindre un type particulier de personnes. Le modèle de croissance intégrale par lequel on souhaite justement cette adaptation au milieu socio-culturel aura à tenir compte d’une telle diversité. Peut-être faut-il penser à constituer différentes sortes de liturgies en fonction des groupes auxquels on s’adresse ?


Si dans le passé les Québécois et les Québécoises ont conservé une homogénéité culturelle c’est parce que leur identité s’est forgée autour d’une lutte commune : celle visant à protéger leur langue et leur spécificité religieuse. Ils furent protégés contre les influences étrangères par le réseau d'institutions sociales : paroisses, écoles, familles. L’homogénéité et la continuité culturelle furent facilitées par la propagation de valeurs catholiques centrées sur une image de peuple choisi, fort et courageux, promis à une grande destinée en terre d'Amérique. Mais la révolution industrielle, la remise en question des traditions et de l’influence religieuse, les nouvelles technologies, la mobilité géographique accrue, la pénétration massive des communications de masse véhiculant des valeurs et des coutumes différentes, I'impact de l'impérialisme culturel anglo-saxon, l’arrivée de nombreux immigrants ont fait éclater les structures et projeté les Québécois francophones dans un processus d' « aliénation » des modes traditionnels de vie et de pensée[25].


Si dans le passé, l’Église s’est faite la garante de l’identité québécoise, elle ne peut aujourd’hui jouer ce rôle au risque de se faire taxer de « nationalisme » et de ne plus pouvoir jouer son rôle « catholique » au sens universel du terme. Le modèle de croissance intégrale invitera donc à l’ouverture face aux différentes ethnies présentes dans le milieu. Et pour mieux annoncer l’Évangile, la communauté chrétienne fera des efforts pour se mettre à l’écoute de son environnement socioculturel.


Les changements rapides de la culture au Québec sont aussi dus à l’influence particulièrement forte des États-Unis. Celle-ci existe non seulement à cause de la proximité géographique, mais aussi par l’attrait inconditionnel qu’exerce ce pays chez les jeunes, bombardés par les émissions télévisées américaines. Pour les adultes, la domination économique et la suprématie militaire des États-Unis leur donnent figure de vainqueurs et de protecteurs dans un monde instables et toujours en lutte pour sa survie. Une telle influence n’est pas un problème pour la mise en place du modèle de croissance intégrale qui s’inspire en partie de certaines Églises américaines. Il n’est toutefois pas conseillé de copier sans discernement les éléments culturels qui appartiennent aux modèles d’origine, mais de repérer les éléments de sacré propres à la culture québécoise qui ont beaucoup à apporter au modèle de croissance intégrale et qui ont encore un impact d’attrait dans la société d’aujourd’hui.


Il est difficile de prévoir ce que pourrait devenir la culture québécoise de demain. Mais les habitants du Québec, aussi diversifiées que soient leurs origines actuelles, traduisent forcément des aspirations de type universaliste partagées par l'ensemble des civilisations (celles de la promotion sociale, l'amélioration de la qualité de la vie, l'élimination des facteurs représentant des risques pour la vie et le bien-être des individus, la participation des petites unités sociales aux mécanismes de décision des grands ensembles politiques et l'auto-détermination...) et des aspirations particulières liées à notre destin d'Américain francophone[26].


Une meilleure connaissance de ces aspirations universelles et particulières peut aider la communauté à choisir le contenu des cours proposés dans le modèle de croissance intégrale. Il s’agit de montrer aux Québécois et les Québécoises comment l’Évangile peut contribuer à leur croissance et leur permettre de rejoindre leurs aspirations.


C’est la quasi toute-puissance des communications de masse qui laisse à penser que nous nous dirigeons, en partie, vers une culture mondiale. Depuis quarante ans, le Québec et le monde entier communient quotidiennement non seulement à la culture américaine mais aussi à d’autres cultures. Il y a une influence réciproque. Qui pourrait nier que la culture zen n’ait pas influencé les milieux américains cette dernière décennie? Les sociétés bourgeoises américaines et occidentales se voulaient Zen comme pour trouver un plus grand équilibre dans un monde stressé qui va trop vite. L’Église locale adoptant le modèle de croissance intégrale cherchera idéalement à connaître non seulement la culture ambiante de son milieu, mais aussi celle que recherchent les personnes en général dans le village mondial. L’influence d’une culture ou d’une autre en dit long sur les recherches et les aspirations des personnes.


Bien que l’influence de la culture américaine et mondiale soit forte, je ne pense pas que le Québec devienne une étoile francophone collée au drapeau américain. Une certaine américanisation se retrouve dans les faits et il est peut-être plus juste de parler du Québécois comme d’un Américain francophone plutôt que d’un Français d'Amérique : Il est un homme d'Amérique du Nord. Ses goûts sont ceux d'un Nord-Américain. Son rythme de vie, sa nourriture, son vêtement, sa manière d'aborder les problèmes, son mode de relations humaines sont ceux d'un Nord-Américain[27]. Mais la fierté québécoise et la recherche de son identité, amèneront les Québécois et les Québécoises à s'engager dans la voie de l'originalité et de la singularité[28].


Un point important à mentionner avant de terminer : si les membres d’une Église se doivent d’être ouverts à la culture ambiante pour inculturer l’annonce de la Bonne Nouvelle, de manière à ce que l'Évangile soit proclamé dans le langage et la culture de ceux qui l'entendent, il est important pour eux de se rappeler qu’il peut y avoir des incompatibilités entre l’Évangile et la culture. Quand cela se produit, la mission de l’Église devrait viser à évangéliser les éléments de la culture qui sont en contradiction avec la Parole de Dieu et la dignité des personnes.


Au cours des dernières années, par le biais de leurs interventions sur les problèmes politiques, économiques et sociaux, les évêques du Québec ont régulièrement invité les communautés chrétiennes à l'évangélisation de la culture. Or évangéliser une culture, ce n'est pas seulement tenir un discours critique sur cette dernière ou conduire des individus sur le chemin de la foi, mais c'est aussi avoir une action planifiée qui vise, à long terme, à transformer les institutions qui se nourrissent de cette culture et qui en même temps la reproduisent. Rappelons que les institutions moulent les consciences des gens et, de la sorte, orientent largement leurs comportements. Vouloir évangéliser les individus sans chercher en même temps à transformer les institutions qui les façonnent dans un sens qui n'est pas nécessairement évangélique, c'est poursuivre à moitié l'objectif missionnaire[29].


Les Églises du Québec auront un impact plus grand sur la société si elles ne s’écartent pas du courant de la révolution médiatique mais qu’au contraire, elles cherchent à mieux s’y intégrer. Grâce à leur dimension humaine les groupes de maison seront certainement des oasis de relations authentiques et vraies dans un monde de plus en plus virtuel. Ils proposent une alternative, un complément pour les relations humaines appauvries par la distance qui sépare les interlocuteurs. L’explosion médiatique a l’avantage de transmettre des informations en quantité exponentielle, mais information ne veut pas dire communication. Les êtres humains ne pourront pas réellement s’épanouir dans des relations d’ordinateur à ordinateur. Les groupes de maison permettront aussi de donner un enseignement qui comporte un suivi et une progression logique pour mieux faire grandir les personnes.


Les groupes de maison ont l’avantage de permettre l’expérience de la fraternité, de l’engagement missionnaire et du dialogue avec d’autres personnes habitant un même lieu. Ils valorisent le sujet en lui permettant, dans les décisions qui sont prises, d’exercer son esprit démocratique. Enfin, l’accueil de personnes de cultures différentes habitue à la tolérance et permet un cheminement vers la compréhension mutuelle.


La révolution médiatique qui n’est pas encore dans sa phase la plus intense va longtemps encore influencer le Québec. En fait, cette révolution fait partie de sa culture, elle en est un des éléments les plus fascinants, car source de changements intenses et profonds qui sont loin d’êtres terminés. Ces changements culturels sont d’une importance considérable pour l’Église et sa mission de communiquer l’Évangile, car si le langage liturgique et les services ecclésiaux ne sont pas adaptés, le message de la Bonne Nouvelle sera incompréhensible et peu en lien avec les besoins réels qui émergent de cette culture en perpétuel changement. Le modèle de croissance intégrale vise l’adaptation au milieu, mais il faudra considérer que cette adaptation n’est pas acquise une fois pour toutes et être constamment à l’écoute du milieu pour s’ajuster au fur et à mesure.

14.2 Le modèle de croissance intégrale dans le milieu catholique

Comme le modèle de croissance intégrale est une façon de voir la mission et d’organiser la communauté en vue de l’accomplir, il peut être idéalement intégré dans différentes confessions chrétiennes. Là encore, sa mise en place doit tenir compte des spécificités confessionnelles. Dans les deux paragraphes qui suivent, l’exemple est pris de l’Église catholique et de son organisation paroissiale. Nous allons nous aider des textes du droit canon qui en expliquent le fonctionnement tel que formulé par les autorités religieuses catholiques. Nous verrons quels sont les conseils à donner aux responsables de communautés qui voudraient utiliser le modèle de croissance dans cette forme d’organisation ecclésiale. Enfin, nous montrerons comment il est possible et nécessaire de tenir compte des souhaits des membres d’une Église locale. Nous nous servirons ici en grande partie du document officiel des recommandations pastorales issues du dernier synode de l’Église de Montréal.

14.2.1 Les Églises paroissiales catholiques et le modèle de croissance intégrale

Pour bien comprendre l’organisation actuelle des Églises paroissiales catholiques, il faut remonter au temps des premières communautés chrétiennes. Avant l'édit de tolérance de l'empereur Constantin, en 313, et par la reconnaissance du christianisme comme religion d'État par l'empereur Théodose en 380, les communautés chrétiennes étaient essentiellement urbaines (dites épiscopales ou cathédrales). Il y avait une seule communauté par ville. Elle se rassemblait pour la fraction du pain eucharistique sous la seule présidence de l'évêque. Puis, de par l'augmentation rapide du nombre des chrétiens, on choisit de confier la direction des communautés nouvelles à des presbytres. Ceux-ci, qui auparavant entouraient l'évêque et concélébraient avec lui, désormais le secondent et sont sous son autorité[30].


C’est au Moyen Âge que ces communautés seront appelées paroissiales. Au XVle siècle, le Concile de Trente encourage la création des paroisses aboutissant au quadrillage paroissial des diocèses[31]. Cette brève évocation historique rappelle la possibilité de changement dans l'institution ecclésiale paroissiale et que celle-ci est au service de la mission. Le quadrillage a été fait afin de rencontrer au mieux les besoins des fidèles[32]. L’Église paroissiale n'est pas une réalité essentielle comme l'Église diocésaine qui est l’actualisation de l’Église de Jérusalem dans un lieu.


En disant cela, je ne souhaite pas relativiser l’importance de l’Église paroissiale puisque le modèle de croissance intégrale est précisément un modèle paroissial, mais la situer dans la fonction qui est la sienne : accomplir la mission de l'Église diocésaine. Sa physionomie a été façonnée par l'histoire et devrait être déterminée par les exigences de la mission : La paroisse est au service de la mission, non le contraire[33]. Ce n’est pas pour rien que l’Église paroissiale fait actuellement I'objet de questionnements sur sa raison d'être, son fonctionnement et son adaptation aux besoins de la mission[34].


Dans l’Église catholique, le pasteur, appelé généralement curé, est nommé par l’Évêque du lieu qui lui confie ce que l’on appelle la charge pastorale de la paroisse. Une autre expression pour désigner la charge pastorale est la charge d'âmes, terme qui revient dans le dernier Code de droit canonique (1983) à dix reprises. Il est le pasteur propre de la communauté, ce qui signifie qu’il jouit d’une relative autonomie dans l’exercice de sa fonction. Il en a la responsabilité, tout en étant sous l’autorité de l’évêque diocésain[35].


La finalité de la charge pastorale de la paroisse (canon 519) est d'accomplir les fonctions d'enseignement, de sanctification et de gouvernement. Mais rien n’empêche de déléguer une partie de ces fonctions qui, en vertu du baptême, incombent à tout chrétien. On retrouve ici les catégories dont nous avons parlées dans la troisième partie (Ch 11.4) qui découlent des figures de Jésus pasteur, prophète et roi. Mais le canon 519 laisse insatisfait par la généralité du propos : Le contenu de ces trois fonctions ne se révèle pas aussi clair qu'il n'y paraît de prime abord[36].


La réflexion de notre travail pourra aider les responsables de paroisses à mieux saisir le contenu des fonctions de l’Église selon un milieu particulier et à les réaliser avec l’ensemble de la communauté chrétienne.


Un élément important pour la mise en place du modèle de croissance intégrale est la durée du mandat pastoral du curé. Dans la législation catholique, le curé est appelé à jouir de stabilité et c'est pourquoi il est censé être nommé pour un temps indéterminé à moins d'un décret de la conférence des Évêques (canon 522). Les raisons de la stabilité du curé sont principalement le bon exercice de la charge pastorale qui demande une certaine permanence et la stabilité de la paroisse qui est reliée à la stabilité du curé. Mais en 1985, la Conférence des évêques du Canada a porté un décret fixant le terme à six ans renouvelables[37]. Dans le contexte du modèle de croissance intégrale, un et peut-être même deux mandats seraient trop courts, à moins que le curé remplaçant embrasse pleinement la vision du modèle et s’engage à poursuivre le travail commencé par son prédécesseur.


Si aucune garantie de continuité ne leur est donnée, certains curés pourraient êtres tentés de moins s’investir dans un projet de croissance intégrale auquel ils croient, mais que leurs successeurs pourraient réduire à néant s’ils ne partagent pas les mêmes optiques missionnaires et communautaires. On pourrait ainsi rencontrer une démotivation, voire une démobilisation progressive à la fois du curé à l'approche de son échéance et de la communauté tout entière peu encline à s’impliquer dans un projet auquel on ne donne pas de garantie d’avenir. Les autorités diocésaines auraient avantage à s’engager face à la communauté pour leur garantir qu’ils ne changeront pas le curé sauf pour un cas majeur.


Un autre élément qui risque de freiner ou même d’empêcher la mise en place du modèle de croissance intégrale, est lorsque plusieurs paroisses sont confiées à la charge pastorale d'un seul curé (canon 526 §1). Le modèle propose une seule vision par communauté chrétienne et un travail en équipe pour l’accomplir. Demander au curé de réaliser deux ou trois visions en même temps n’est pas réaliste d’autant plus que la qualité des services, qui est un des éléments clés du modèle, en souffrirait à cause de la surcharge du pasteur. S’il y a trop d’Églises paroissiales à gérer dans un même lieu, mieux vaut les confier à une équipe de prêtres in solidum (canon 517 §1) et à des collaborateurs laïcs afin qu’il n’y ait qu’une vision pour l’ensemble du secteur. Dans ce sens il serait mieux que les secteurs du diocèse soient définis de la manière la plus homogène possible, en fonction du milieu socioculturel et de ses besoins spécifiques.


Par ailleurs, dans les Églises paroissiales catholiques, l’implication des membres de la communauté chrétienne dans l’accomplissement de la mission n’est pas encore, la plupart du temps, une réalité. Pourtant le Concile Vatican II et le nouveau code de droit canonique (canon 204 §1) expliquent que tous les chrétiens participent à la triple fonction du Christ et de l'Église et qu’ils sont appelés à exercer la mission que Dieu a confiée à l'Église. La mission, dans la théologie catholique, est une réalité inhérente à l'incorporation baptismale et ecclésiale : En vertu du baptême, bien plus dès leur baptême, les fidèles du Christ ont part et prennent part à toute la mission de l'Église. Le baptême fonde la participation de tous à la mission, la coresponsabilité de tous dans la vie et le témoignage de l'Église : La mission n'est donc pas une réalité subséquente, ultérieure[38].


Comment se fait-il alors que si peu de membres, hormis les membres ordonnés, soient impliqués dans la mission ? Il s’agit, pour une bonne part, d’une question d’organisation de la vie ecclésiale paroissiale. Les Églises protestantes en croissance, observées dans cette thèse, montrent la réalité des groupes de maison comme un élément essentiel de la structure des communautés chrétiennes. Les deux Églises catholiques présentées ont, elles aussi, adopté ce mode de fonctionnement et l’on constate que les membres de la communauté sont impliqués dans la mission. C’est aussi l’attitude des responsables qui fera la différence. Sont-ils prêt à déléguer leurs responsabilités, à organiser leur communauté sous forme de groupes de maison et à former les personnes qui peuvent aider dans l’accomplissement de la mission ?


Or, la mission, le mandat et le projet supposent une juste liberté d'initiative et une sage ouverture des options. Dès lors, la question est de savoir si nos initiatives seront vécues dans une atmosphère de clandestinité, et si nos options seront abordées dans un sentiment de perpétuelle délinquance. Corrélativement, la question est donc aussi de savoir si les divers échelons du gouvernement de la communauté chrétienne se réserveront une liberté d'autant plus exclusive qu'ils disposent d'un pouvoir plus universel, ou si la liberté sera, au contraire, d'autant plus large qu'elle conditionne de plus près la responsabilité concrète de l'action chrétienne et pastorale. Il est tout à fait malsain, et, en définitive, contraire au style même de l'action évangélique de Jésus, —pour ne rien dire des conditions normales de l'action humaine tout court,—de disposer les choses de telle sorte que la liberté chrétienne tende sans cesse à remonter vers le sommet de la pyramide du pouvoir. Un tel état de choses est la voie ouverte à l'envahissement universel de la réglementation et de la passivité, nonobstant toutes les déclarations et toutes les exhortations en sens contraire. C'est aussi la voie ouverte à la périlleuse primauté de l'administration sur le véritable gouvernement[39].


Dans les Églises paroissiales catholiques actuelles, ce n’est pas seulement le manque d’engagement dans la mission qui pose problème, mais aussi la difficulté que les chrétiens éprouvent à fraterniser. Non pas qu’ils le refusent, mais la structure présente ne favorise pas les échanges entre les membres. Il ne suffit pas de se serrer la main une fois par semaine lors de la célébration dominicale pour créer des liens. Il serait aussi naïf de croire, dans le contexte individualiste qui est le nôtre, que les chrétiens vont spontanément aller les uns vers les autres et entourer le curé pour lui rendre service.


Les structures actuelles ont été reçues passivement du passé et les relations fraternelles, sauf exceptions, ne peuvent être assurées. D’après Jean-Paul Audet, l’Église catholique serait, depuis longtemps, tombée dans l'anonymat du phénomène de foule. Il faut, dit-il, à tout prix, et au plus tôt,faute de quoi la désaffection, la stérilité et la dispersion continuerontau-delà de tous les essais de réformes et de toutes les tentatives de rassemblement[40]. La structure de groupes de maison qui fait partie du modèle de croissance intégrale permet de résoudre le problème surtout si la participation n’est pas présentée comme facultative mais qu’elle est considérée comme un élément essentiel de la vie chrétienne. résoudre ce problème,

Si nous voulons surmonter notre longue dispersion, la grande urgence de l'heure nous paraît donc être, finalement, de recréer, et de permettre d'abord que soient recréés, dans la liberté de l'Esprit de notre Dieu et Père, les aménagements concrets, où une authentique communauté de base pourra encore une fois redonner sa chance à la fraternité chrétienne, sans que, toutefois, le bénéfice de structures plus amples soit perdu pour autant. Ce qui importe, c'est tout simplement que chaque chose soit à sa vraie place. Si, ensuite, il fallait pour cela envisager une refonte profonde de notre service pastoral de base, nous exprimerions alors le souhait que cette refonte soit entreprise sans retard et sans crainte. Pour reprendre la pensée d'Athanase, nous dirions donc simplement : ce n'est pas le souci de « nos vertus » qui est prioritaire, c'est le besoin dûment constaté de l'Église de Dieu[41].


Un autre élément dont on doit tenir compte pour la mise en place du modèle dans le contexte des Églises paroissiales catholiques est la pénurie de prêtres dans les pays occidentaux. Comme les prêtres sont de moins en moins nombreux, on leur confie de plus en plus de charges pastorales et ils se retrouvent souvent seuls pour tout organiser. Ils ont donc moins de temps pour les personnes et doivent consacrer plus d’heures pour les formalités administratives. Ce genre de travail n’étant pas très attirant pour les jeunes, le nombre de vocations presbytérales en souffre. Ne devrait-on pas envisager des églises moins nombreuses mais plus grandes, permettant une meilleure implication des membres non-ordonnés ? Le curé n’aurait alors qu’une charge paroissiale et disposerait de plus de personnes pour l’aider dans les affaires administratives.


Le modèle de croissance intégrale fonctionnerait mieux dans un tel contexte. Une communauté plus nombreuse permet de mettre à contribution les compétences grandissantes des membres non-ordonnés et libère les curés des fardeaux matériels. Avoir moins d’églises paroissiales réduit les coûts d’entretien matériel, permet d’embaucher plus de laïcs et n’empêche pas pour autant l’accessibilité puisque que la mobilité des personnes est aujourd’hui assurée par les moyens de transport modernes et efficaces. Grâce aux groupes de maison préconisés par le modèle de croissance intégrale, une église plus grande échappe aux problèmes d’anonymat des membres; elle est à la fois grande, permettant de meilleurs services, et petite, garantissant la fraternité. L’équilibre est ainsi rétabli entre l’universel et le singulier[42].


Un autre point à considérer est la lettre de nomination d’un curé de paroisse (Annexe 1). Celle-ci ressemble à un mandat missionnaire. Sa formulation actuelle laisse entendre que c’est seulement le curé qui a la responsabilité des gens de la paroisse. Alors que c’est toute la communauté qui devrait se sentir responsable pour accomplir la mission de l’Église. Il serait bon et juste théologiquement de rédiger une lettre qui confie la responsabilité missionnaire à l’ensemble des membres de l’Église tout en précisant le rôle des uns et des autres afin d’éviter les conflits de pouvoir. Confier des responsabilités aux autres membres de l’Église est un processus qui demande discernement et équilibre. Il est important de bien définir les rôles et de ne pas travailler les uns contre les autres, mais les uns avec les autres dans l’accomplissement de la mission.


Le dernier point qu’il semble pertinent de soulever dans le contexte catholique est celui de la formation des prêtres. Dans celle-ci, le temps consacré à apprendre comment faire des homélies est insignifiant par rapport au nombre d’heures allouées à l’étude de la théologie. Le ministère de la Parole est pourtant central dans la vie d’une communauté chrétienne. Et si l’on confie à d’autres membres de la communauté la possibilité de donner des homélies quelle formation envisage-t-on de leur offrir ? Le modèle de croissance intégrale ne peut qu’inviter toutes les personnes appelées à exercer un tel ministère à se former sérieusement afin d’offrir une prédication de qualité.

14.2.2 Le modèle de croissance intégrale et les orientations pastorales de l’Église de Montréal

Dans ce dernier chapitre nous allons présenter un autre exemple de considération du contexte dans la mise en place du modèle de croissance intégrale. Après avoir fait ressortir plusieurs éléments du contexte québécois et des Églises paroissiales catholiques, nous allons nous pencher sur les orientations pastorales promulguées par l’Archevêque de Montréal à la suite du récent synode. Ces promulgations reflètent, dans l’ensemble, les désirs des membres de l’Église de Montréal. Nous verrons si ces désirs peuvent avoir une influence sur les composantes du modèle.


Les participants du synode se sont prononcés pour une Église-communion. Le document qui présente les orientations pastorales pour le diocèse promulguées à la suite du synode[43] rappelle que, de par sa nature théologale, l'Église-communion n'a pas de frontières : elle est missionnaire. Sa vitalité repose à la fois sur l'engagement de tous et sur la disponibilité de chacun à l'action de l'Esprit[44].


Le modèle présenté dans cette recherche va dans ce sens; non seulement permet-il une plus grande communion grâce aux groupes de maison mais il est aussi profondément missionnaire. Il invite les responsables de communauté à faire en sorte que toute la communauté chrétienne soit investie de la mission d’annoncer Jésus-Christ pour témoigner de sa foi, qu’elle sache accueillir et accompagner les personnes en cheminement et travaille à répondre aux besoins du milieu. Par le cheminement de croissance proposé aux membres à l’intérieur de la communauté chrétienne, la vision véhiculée par le modèle est bien celle d'une évangélisation qui s'inscrit et se réalise au cœur même de l’Église-communion.


Les orientations du synode de Montréal s'articulent autour de cinq thèmes qui sont en harmonie avec le modèle de croissance intégrale : (1) Proposer la foi en Jésus-Christ; (2) célébrer la foi et rendre grâces à Dieu; (3) bâtir une communauté missionnaire au service du monde (4) qui soit ouverte, accueillante et fraternelle, (5) et y vivre une véritable coresponsabilité.


Dans la ligne des propositions, le modèle vise une plus large participation des laïcs dans la vie de l'Église en vue de la mission. Par sa structure et ses orientations fondamentales, les responsables et la communauté chrétienne tout entière peuvent être plus proches des gens du milieu et à l'écoute de leurs besoins et de leurs attentes. C’est le souhait exprimé par les diocésains et diocésaines et repris par le Cardinal Jean-Claude Turcotte dans la présentation du texte des propositions.


L'Église de Montréal semble en fait un lieu propice pour greffer le modèle de croissance intégrale. Celle-ci souhaite, en effet, permettre aux laïcs d’exercer un leadership de participation et de vivre la coresponsabilité avec les membres ordonnés. Les propositions encouragent entre les prêtres et les laïcs (1) un échange d'information relatif aux multiples besoins et attentes de la communauté; (2) un dialogue en toute égalité pour en arriver à faire des choix judicieux ; (3) une participation de tous aux prises de décision concernant la définition des objectifs, l'explicitation des orientations pastorales et l'élaboration des politiques et des directives pastorales (Cf. # 83-85). L’Église de Montréal qui souhaite une Église-communion, tout entière ministérielle, est consciente qu’une telle option demandera des transformations pastorales, administratives et organisationnelles. (Cf. # 80-82). Ces transformations sont en grande partie celles proposées par le modèle de croissance intégrale.


Je rappelle ici succinctement les grandes lignes du modèle de croissance intégrale et ses structures essentielles[45]. Le modèle part des fonctions de l’Église déployées selon les besoins et la culture du milieu (à l’extérieur de la communauté chrétienne et à l’intérieur) avec la participation des membres de la communauté pour en arriver à la qualité des services offerts et à l’amour et l’efficacité dans l’accomplissement de la mission chrétienne. Les structures d’un tel modèle sont celles de l’Église paroissiale habituelle complétées par une série de cours de formation permettant la croissance des membres de la communauté et leur implication progressive dans la mission de l’Église. Cette formation est offerte tant aux enfants qu’aux adultes, et les personnes qui la reçoivent sont ensuite invitées à participer à la vie de communion et de mission dans l’Église; elles intégreront des groupes de maison ayant une fonction particulière pour répondre aux besoins du milieu : groupes de soutien, groupes d’évangélisation, groupes d’intervention sociale, groupes liturgiques, etc..


Le synode fait ressortir que les membres des communautés chrétiennes de Montréal sont soucieux d’affirmer leur foi et d'approfondir leur connaissance de la parole de Dieu[46]. Le document des propositions les invite à se faire messagers de la Bonne Nouvelle et à se préoccuper de la transmission de l'héritage chrétien[47].


La formation offerte dans le modèle de croissance intégrale ainsi que les groupes de maison permettront aux membres de l’Église non seulement d’approfondir leur foi et leur connaissance de la Parole de Dieu, mais aussi d’améliorer leur communion avec les autres membres de l’Église et d’affirmer courageusement et ouvertement leur foi en Jésus-Christ dans les lieux de travail, de vie familiale et sociale, dans les relations interpersonnelles et intergroupes comme le conseille le document d’introduction[48].


Une formation adaptée aux besoins des membres de la communauté chrétienne et du milieu permettra de rejoindre la personne humaine dans la totalité de son être et la diversité de ses attentes et de ses besoins[49].


Cette structure de cours animés par des laïcs amène les responsables de la communauté à considérer leur rôle comme des formateurs à l’instar de Jésus qui a formé quelques disciples qu’il avait lui-même choisis. Ce n’est pas le premier responsable de la communauté qui assure l’animation des cours et des groupes de maison, ce sont les laïcs issus eux-mêmes du processus de croissance proposé dans le modèle. Grâce à une priorité donnée à la formation et à l’implication des adultes, la communauté pourra aller de l'avant dans l'organisation de catéchèses pour jeunes[50] et pour adultes qui utilisent un langage simple et adapté et qui visent à répondre aux besoins spirituels des personnes. Selon les conseils du synode, il s’agira d’inculquer une attitude de respect et d’accueil face aux autres religions. Les responsables des différents cours pourront dispenser des informations objectives sur les diverses croyances et les différents groupes religieux qui existent dans leur milieu et accueillir avec compréhension les personnes qui sont tentées de quitter le catholicisme ou qui le redécouvrent (# 4).


Le modèle de croissance intégrale ne trace que les grandes lignes d’un projet pastoral paroissial et ne fixe pas d’avance le contenu précis de la formation ou des orientations missionnaires des groupes de maison; ce sont les responsables de communauté, avec leurs équipes, qui fixent les objectifs précis en fonction du milieu. Dans un contexte comme celui de Montréal, la communauté chrétienne tout entière est invitée à intensifier son partenariat avec les autres Églises chrétiennes dans les domaines de l'éducation chrétienne, des écoles et de la justice sociale, dans des rencontres de prière et des projets pastoraux qui répondent aux besoins de la société pluraliste et multiculturelle (Cf. # 3).


Les groupes de maison, qui font partie de la structure du modèle de croissance intégrale, sont aussi des lieux où peut se poursuivre l'éducation chrétienne des enfants et de la jeunesse et susciter l'éveil religieux des tout-petits. Il est important que ces groupes de maisons spécialisés dans l’éducation des enfants soient animés par des personnes capables d'actualiser la Parole de Dieu et les valeurs évangéliques pour la vie d’aujourd'hui. Elles vont dans le sens de la huitième proposition qui suggère la formation de petites cellules communautaires où les jeunes peuvent vivre des expériences de fraternité, de formation et d'engagement selon les valeurs chrétiennesmettre leurs expériences en commun et trouver les meilleures façons de rejoindre d'autres jeunes (# 9).


Le modèle de croissance intégrale permet de réaliser de manière concrète l'éducation permanente de la foi des baptisés souhaitée par le synode. Grâce aux différents cours et aux partages dans les groupes de maison, la Bible pourra aussi prendre davantage de place dans la vie des baptisés et raviver leur foi. Ainsi se réalisera l’accompagnement des adultes soucieux de progresser dans leur cheminement spirituel (Cf. # 16).


Même si le modèle de croissance intégrale propose de relier les différentes activités de l’Église autour d’une seule vision élaborée en fonction du milieu, les responsables devront quand même faire la promotion des autres groupes de partage de foi et des associations spirituelles et apostoliques (Cf. # 19) qui ne sont pas directement reliées à sa vision ; ceci de manière à ne pas se refermer sur soi et à mieux répondre aux besoins des membres de sa communauté. Certains groupes de maison pourront proposer un service de counselling pour résoudre les difficultés que rencontrent des personnes au sujet de la religion.


Parmi les cours proposés dans le modèle se trouvent ceux de préparation au baptême, à la première communion et à la confirmation. Les parents des enfants en cheminement pourront êtres invités à se joindre à un groupe de maison leur permettant d’approfondir leur cheminement personnel et de trouver un support dans l’éducation chrétienne de leurs enfants. Ces groupes leur permettront aussi d’être plus sensibles aux exigences de leur propre baptême comme la recherche de sainteté personnelle et la responsabilité apostolique en vue de l'évangélisation des milieux où ils vivent et travaillent (# 22). Il serait bon que les groupes adoptent une approche catéchuménale pour la préparation des jeunes à la célébration de l'eucharistie et de la confirmation (# 23). Après avoir reçus les sacrements, les jeunes seront, eux-aussi, invités à cheminer dans d’autres groupes de maison où ils pourront continuer à être en communion avec les autres jeunes de la paroisse.


Ayant implanté, comme le conseille le synode de Montréal, un service de pastorale auprès des jeunes dans chaque secteur de la paroisse, les Églises paroissiales qui adopteront le modèle de croissance intégrale auront avantage à travailler en collaboration avec celui-ci et le cas échéant à collaborer elles-mêmes avec les milieux communautaires pour mieux connaître les besoins des jeunes de leur milieu. Des groupes de maison « spécialisés » selon tel ou tel besoin seront plus aptes à apporter du soutien aux personnes en détresse.


Une attention toute particulière devrait être accordée aux familles pour les soutenir dans les situations complexes et déchirantes qu’elles vivent parfois : familles nucléaires, reconstituées et monoparentales, etc. Les groupes de maisons qui rassembleront ces familles pourront éventuellement référer certaines personnes à des services psychologiques et thérapeutiques spécialisés et faire connaître les mouvements familiaux du milieu qui œuvrent dans ce sens. Ces groupes viseront à offrir un soutien aux parents qui demeurent à domicile avec de jeunes enfants ainsi qu'aux familles monoparentales souffrant d'isolement et/ou de mise à l'écart (# 70).


Certains groupes de maison pourront se rassembler dans des centres d'accueil et des maisons de retraite, afin d’assurer aux résidents les services spirituels dont ils ont besoin et de les aider à poursuivre leur rôle de membres actifs dans la vie de l'Église (# 71). Selon les secteurs c’est aussi des groupes comprenant des immigrants qu’il faudrait mettre sur pied afin de rejoindre leurs besoins particuliers.


Dans l’élaboration de leur vision et la rédaction de l’énoncé de mission, les Églises chercheront à collaborer avec le groupe de pastorale sociale du secteur et avec les organismes et les autres confessions religieuses qui travaillent dans le sens d'une plus grande justice sociale. Selon les orientations promulguées par l’Archevêque de Montréal, un de leurs objectifs sera de dénoncer les injustices présentes dans leur milieu, de se porter à la défense des victimes (Cf. # 40) et d’accorder une attention particulière aux personnes qui se considèrent exclues de la communauté ecclésiale. Enfin, il faudrait que l’intégration des personnes handicapées à la vie des groupes de maison soit facilitée en éliminant les barrières physiques, sociales, psychologiques et pastorales.


Les orientations pastorales promulguées donnent un éclairage particulièrement intéressant sur les activités qui peuvent être élaborées dans les groupes de maison. Certains auront à se spécialiser pour rejoindre les jeunes, les familles en difficulté, les immigrants, d’autres pour donner des catéchèses aux enfants et aux jeunes adultes; d’autres encore pour travailler avec les écoles, les groupes luttant pour la justice sociale, etc. À chaque groupe revient sa mission et son charisme. Cette souplesse permet à l’Église locale de travailler avec les autres organismes du milieu et d’incorporer à la vision communautaire des structures d’intervention déjà existantes dans le milieu. Il est souhaitable que le lieu de rassemblement des groupes ne soit pas seulement les maisons. Les chrétiens pourront par exemple mieux venir en aide aux personnes âgées si certains se rassemblent dans des centres d’accueil.


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NOTES

[1] Assemblée des évêques du Québec, Annoncer l’Évangile dans la culture actuelle au Québec, Montréal, Fides, 1999, p. 15.

[2] Si l'on souhaite voir l'Église là où sont les gens, doit-on aussi imaginer une Église locale virtuelle (localisée sur Internet). Il existe déjà des banques virtuelles qui n’ont aucun lieu physique.

[3] Grâce au system de « Chat »Internet permet de parler d’un ordinateur à un autre en temps réel et de mettre ainsi les personnes en relation les unes avec les autres.

[4] Le Webcam est une petite caméra qui sert aux internautes pour voir sur leur écran en temps réel leur partenaire de chat.

[5] Cf. Assemblée des évêques du Québec, op. cit., p. 18.

[6] Ibid., p. 19.

[7] On entend par traditionnel l’enseignement de la foi qui reste le même à travers l’histoire et dont l’Église se veut la dépositaire depuis deux mille an. Le terme ne réfère pas au courant traditionaliste qui s’oppose parfois au courant progressiste.

[8] Cf. Assemblée des évêques du Québec, op. cit., p. 20.

[9] Cf. ibid., pp. 20-21.

[10] Ibid., p. 22.

[11] Ibid., p. 22.

[12] Ibid., p. 32.

[13] Ibid., p. 33.

[14] Ibid., p. 42.

[15] Ibid., p. 50.

[16] Ibid., p. 50.

[17] J. Grand’Maison, L. Baroni et J.-M. Gauthier (ss la direction de), Le défi des générations : Enjeux sociaux et religieux du Québec d’aujourd’hui, Coll. Cahiers d’études pastorales, #15, Montréal, Éditions Fides, 1995, p. 45.

[18] Ibid., p. 47.

[19] Ibid., p. 58.

[20] Cf. ibid., p. 58.

[21] Assemblée des évêques du Québec, op. cit., p. 34.

[22] Ibid., p. 35.

[23] Ibid., p. 35.

[24] P. Lanthier et G. Rousseau, La culture inventée : Les stratégies culturelles aux 19e et 20e siècles, Québec, Institut québécois de recherche sur la culture, 1992, p. 359.

[25] M.-A. TREMBLAY, L’identité québécoise en péril, Ottawa, Les éditions Saint-Yves Inc., 1983, p. 210-211.

[26] Ibid., p. 212.

[27] G. Rocher, Le Québec : Résistance et continuité, Jean Sarrazin et al., Dossier-Québec, Montréal, Les Éditions Stock, 1977, p. 37.

[28] Cf. R. A. Jones, « Le spectre de l’Américanisation », dans Les rapports culturels entre le Québec et les États-Unis, sous la direction de Claude Savary, Québec, 1984, p.159.

[29] Comité de recherche de l’assemblée des Évêques du Québec sur les communautés chrétiennes locales, op. cit., p. 100.

[30] Cf. A. Borras, Les communautés paroissiales : Droit canonique et perspectives pastorales, Paris, Les éditions du cerf, 1996, p. 15.

[31] En 1917, le Code de droit canonique transformera la recommandation du Concile en injonction.

Dorénavant, le territoire de tout diocèse est subdivisé en paroisses.

[32] A. Borras, op. cit., p. 16.

[33] Ibid., p. 18.

[34] Cf. ibid., p. 18.

[35] Il peut arriver, comme au Québec, de par la diminution des vocations presbytérales, la responsabilité d’une paroisse soit confiée à une personne non-ordonnée ou à toute une équipe.

[36] A. Borras, op. cit., p. 102.

[37] Cf. ibid., pp. 119-120.

[38] Ibid., p. 39.

[39] J.-P. AUDET, op. cit., pp. 42-43.

[40] Ibid., pp. 154-155.

[41] Ibid., p. 81.

[42] Ibid., p. 32.

[43] Je me référerai tout au long de ce chapitre au document officiel des orientations du synode promulguées par le Cardinal Turcotte (Archevêque de Montréal). Ce document a entre autres été publié sur Internet à l’adresse suivante : http://www.missa.org/sytmf.html et mes références renverront à sa publication sur le Web.

[44] Diocèse de Montréal, Orientations pastorales du Synode diocésain, http://www.missa.org/syprf.html

[45] Se référer aussi au diagramme du chapitre 12.1 De la quantité à la qualité et 12. 3. Évaluer la croissance intégrale selon les quatre fonctions de l’Église et la recherche d’amélioration continue.

[46] Cf. Diocèse de Montréal, op. cit., http://www.missa.org/sy1f.html

[47] Ibid., http://www.missa.org/sy1f.html

[48] Ibid., http://www.missa.org/sy1f.html

[49] Ibid., http://www.missa.org/sy1f.html

[50] Cf., ibid., http://www.missa.org/sy1f1c.html