8.2.2 Bible, communauté et engagement social

Le modèle missionnaire des théologies de la libération a comme caractéristique des petits groupes de réflexion biblique appelées Communauté ecclésiales de base (CEBs). Le premier objectif des membres des CEBs n'est pas d’évangéliser leur milieu, mais de se pencher sur la Bible pour y interpréter leur vécu. On cherche à découvrir le lien entre le texte biblique et sa situation présente; on cherche à s’identifier avec le texte sacré qui est considéré comme le miroir du vécu, un modèle ou « symbole » de ce que l’on vit. On y découvre alors un Dieu libérateur, qui est-avec-nous pour nous libérer des situations injustes du monde temporel dans lesquelles nous vivons : Si Dieu a été avec ce peuple là dans le passé, alors, il est aussi avec nous dans la lutte que nous menons pour nous libérer. Il écoute notre cri[14].

Dans ce modèle, la lecture de la Bible rassemble, crée la communauté et invite à aller en direction du peuple. La méthode voir-juger-agir, employée par l'Action catholique est mise en pratique dans les CEBs pour intervenir dans le milieu social et politique. Contrairement au modèle du MCE, le but des petits groupes est plus l’intervention sociale que l’évangélisation : Il y a des communautés qui, motivées par la lecture de la Bible, se mettent au service du peuple et entrent dans la lutte pour la justice[15].

Les CEBs souhaitent éviter trois écueils : 1) le fondamentalisme biblique : se libérer de la prison de la lettre est considéré comme le premier pas vers la libération; 2) un engagement social qui soit détaché de sa dimension spirituelle; 3) un nombrilisme communautaire sectaire. Idéalement, dans ce modèle, trois éléments devraient être en équilibre; la dimension biblique, le rassemblement communautaire et l’engagement pour la justice[16].



NOTES

[14] C. MESTERS, « “Écouter ce que l’Esprit dit aux Églises” : L’interprétation populaire de la Bible au Brésil », Concilium, # 233, 1991, p. 137.

[15] Ibid., p. 136.

[16] Cf. ibid., pp. 139-145.