Conclusion de la troisième partie


Cette partie avait pour objectif de présenter les différents éléments du modèle de croissance intégrale. Nous l’avons fait en expliquant leur articulation les uns par rapport aux autres et en les situant dans une dynamique missionnaire. Le modèle est dit « intégral » parce que la mission y est comprise comme une entreprise pour communiquer un salut global, c’est-à-dire comprenant une dimension temporelle et une dimension eschatologique.


Plusieurs des conseils des pasteurs reliées au MCE ont été intégrés, et la réalité de la croissance numérique n’est pas mise de côté. Elle est incontournable lorsque l’on parle de la dimension « catholique » de l’Église. Les disciples ont été envoyés à toutes les nations et le salut est offert à tous les êtres humains. Chaque personne est importante aux yeux de Dieu. Et l’activité missionnaire ne peut oublier une seule brebis, ignorer une seule souffrance, car Jésus est mort afin que le monde entier reçoive le salut (Cf. Ac 4:12; Cf, Eph 2:12,19,22). C’est à cause de l’amour universel de Dieu que l’Église locale ne peut se passer d’une action missionnaire universelle. Mais ce ne sont pas tant les chiffres qui sont importants, que de vivre le précepte de l’amour et d’être en constante tension pour rejoindre les besoins réels de ceux et celles qui ne connaissent pas cet amour offert en Jésus-Christ.


Le modèle de croissance intégrale s’inspire aussi d’éléments de gestion comme la recherche de qualité dans les services, l’amélioration continue, le principe de subsidiarité, l’écoute du milieu et de ses besoins, l’implication des membres de la communauté dans des équipes missionnaires, le partage de l’information et la planification.


Au risque de nous répéter nous dirons que l’objectif missionnaire poursuivi par l’Église locale dans ce modèle est basé sur les deux plus grands commandements de la Loi, sur la parabole du jugement dernier et sur les impératifs missionnaires des Évangiles de Matthieu et Marc. L’organisation de l’Église et sa structure doivent viser à aller au secours des détresses du milieu (salut temporel), à offrir le salut en Jésus-Christ (salut eschatologique), à former des disciples et des membres responsables impliqués dans la mission de l’Église, à évaluer les activités en place et à prendre le chemin de l’amélioration continue.


La visée de l'Église n'est pas de transmettre une culture ou de garder attrayant un folklore religieux. Elle est de former des disciples de Jésus, capables d'appartenance, de prière et de témoignage, cherchant dans l'Évangile une lumière qui éclaire et transforme leur vie personnelle et sociale, engagés dans une conversion qui touche leurs dynamismes affectifs, intellectuels, moraux et religieux[24].


Pour évaluer les actions de l’Église la question n’est pas : combien de personnes de plus cette année dans l’Église ? Mais plutôt : Nos activités ecclésiales sont-elles aptes à communiquer l’amour de Dieu à toutes les personnes du milieu ? Nos activités ecclésiales permettent-elles de répondre aux besoins actuels du milieu et de faire cheminer les personnes de la communauté vers un salut intégral ? Agit-on en fonction des différentes dimensions du salut : eschatologique, sociale, etc.? Est-ce que l’on tient compte de toutes les souffrances : spirituelles, humaines et matérielles, du milieu ? Il est nécessaire d’évaluer les actions ecclésiales de façon plus large que la simple dimension numérique et de s’assurer que l’Église remplisse chacune de ses fonctions.


La suite de ce travail va proposer des éléments concrets de mise en place du modèle dans un milieu particulier et donner l’exemple d’éléments contextuels dont on devrait tenir compte.




NOTES

[24] Comité de recherche de l’assemblée des Évêques du Québec sur les communautés chrétiennes locales, Risquer l’avenir : Bilan d’enquête et prospectives, Montréal, Éditions Fides, 1992, p. 125.