10.1 Offrir un salut qui lutte contre les différentes pauvretés d’un milieu


La notion de pauvreté dépasse largement le cadre du dénuement matériel. Il n’est pas nécessaire d’aller dans le tiers monde pour la rencontrer. Tous les milieux engendrent une forme ou une autre de pauvreté. Elle se présente de multiples manières : auvreté économique (manque du nécessaire), pauvreté psychique ou physique (manque de santé), pauvreté relationnelle et affective (manque d'amour), pauvreté humaine (manque de volonté, de sens à la vie). Être pauvre, ce peut aussi être un « étranger » ou un réfugié, dépouillé de sa culture d’origine, confronté à la rigueur d’un environnement nouveau.


L'étymologie du mot « pauvre » (aney) désigne un état de capacité réduite, de moindre puissance et de valeur… ce qui se traduit souvent dans la vie en société par une situation sociale médiocre. Le « miséreux » au sens fort du terme est celui qui est dans le besoin, en état de manque. Il n’a pas le nécessaire pour vivre comme un être humain et s’actualiser dans une vie qui corresponde à sa dignité. Un modèle de croissance intégrale qui veut offrir un salut intégral doit lutter contre toutes les formes de pauvreté. Ce salut intégral amènera la personne à s’actualiser pleinement en répondant à l’ensemble de ses besoins.


Agir pour sauver l’être humain intégralement c’est agir sans mettre de priorité ni sur la proclamation de la Parole, ni sur les œuvres mais agir selon les circonstances selon les pauvretés rencontrées dans le milieu : parfois, c’est une parole qui peut sauver : pour redonner de l’espérance au désespéré, offrir le pardon de Dieu à celui qui porte un fardeau de culpabilité, etc., parfois c’est un geste vis-à-vis d’une personne dans le besoin : donner à manger à celui qui a faim, visiter le malade, la personne qui est seule, etc.. On évite ainsi le problème de la dichotomie entre les œuvres et la proclamation dont il a été question dans la deuxième partie. Il n’y a plus d ‘opposition entre œuvre sociale et proclamation, le choix des actions communautaires se fait en fonction des besoins humains[1].


Dans un tel modèle il revient à la communauté chrétienne de repérer les différentes pauvretés et souffrances présentes dans son milieu. Il y a par exemple :


- Les pauvretés engendrant des souffrances physiques :
  • manque de nourriture, d’habillement, de logement;
  • maladies;

- Les pauvretés engendrant des souffrances morales, psychologiques et spirituelles :
  • manque d’amour, de soutien;
  • solitude;
  • manque de sens à sa vie, manque de travail;
  • manque de pardon;
  • manque d’espérance temporelle et éternelle;


Cette liste n’est pas exhaustive, mais elle permet d’aimer concrètement Dieu et le prochain dans le pauvre comme le font les sœurs de Mère Térésa, sans forcément être dans les pays du Tiers-monde.




NOTES

[1] Il est important de comprendre que les besoins sont tant dans la communauté chrétienne qu’à l’extérieur. Ce n’est pas parce qu’une personne est en cheminement dans la communauté chrétienne que tous ses problèmes sont réglés. Il ne faut pas délaisser les besoins de la communauté pour se soucier seulement de ceux de l’extérieur et vis versa.