12.3 Évaluer les activités selon les quatre fonctions de l’Église et la recherche d’amélioration continue


Dans un modèle qui veut entrer dans une dynamique d’amélioration continue, l'évaluation des services offerts par l’Église est un élément déterminant. On vérifie ainsi si les activités en place remplissent les quatre fonctions de l’Église; si elles sont adaptées à la culture du lieu; si elles impliquent l’ensemble des membres; si elles rejoignent les besoins et les pauvretés des personnes de la communauté chrétienne et celles de l’extérieur; si elles permettent l’actualisation et la croissance des personnes et enfin si chacune a ses moyens propres d’évaluation.


Les fonctions de l’Église traduites en activités concrètes sont évaluées selon la qualité d’amour et de service. L’amour, le service et la recherche de qualité sont trois critères importants de l’action chrétienne (Cf. Mat 20:28[11], Mal 1:8[12]). L’évaluation se fera par un examen des processus mis en œuvre pour chacune des fonctions de l’Église, on posera un regard sur les pratiques et les moyens utilisés pour atteindre les sous-objectifs du modèle (Voir le schéma du modèle de croissance intégrale au paragraphe 12.1). Cet examen permettra de recenser les principaux dysfonctionnements en vue de dégager les ajustements à faire.


Une bonne évaluation du modèle devra mesurer quatre aspects de la situation de départ par rapport aux objectifs : 1) la concordance des activités en place avec la mission de l’Église et ses fonctions; 2) la satisfaction des personnes face aux services de l’Église (ad intra et ad extra); 3) la conformité des services aux attentes des personnes du milieu; 4) le bon fonctionnement des processus mis en œuvre en vue de l’amélioration continue. Pour effectuer ces mesures, il sera nécessaire de rassembler l'information chez les personnes du milieu, chez les membres de la communauté chrétienne et éventuellement chez les responsables d’autres Églises qui ont réussi à atteindre un ou plusieurs sous-objectifs du modèle. La manière concrète de le faire peut relever d’une enquête ou d’un sondage auprès des trois groupes concernés. Ce qui suit est un tableau des différents niveaux d’où découlent les activités, ou tâches, ou initiatives de l’Église selon le modèle de croissance intégrale.


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Le modèle de croissance intégrale ne vise pas, avant tout, à faire croître numériquement l’Église; la mission de l’Église y est d’abord comprise comme un engagement à manifester l’action bienfaisante de Dieu dans le monde en luttant, comme Jésus l’a fait lui-même, contre ce qui opprime l’être humain, contre la pauvreté, contre ce qui empêche son actualisation. Il cherche à faire croître les personnes par une série d’étapes vécues sous forme de cours à l’intérieur de la communauté puis de les impliquer dans la mission. Mais un certain nombre d’activités visent tout de même à faire connaître efficacement les services de la communauté à la population environnante. C’est ici que la dimension de l’évangélisation ressort d’une manière plus forte afin que le plus grand nombre possible de personnes bénéficient du salut intégral proposé en Jésus-Christ.


Le modèle met autant d’accent sur chacune des quatre fonctions de l’Église mais propose, dans la pratique, de les ordonner les unes aux autres pour faire entrer la communauté dans une dynamique missionnaire. Il y a d’abord un premier effort d’évangélisation qui concerne la fonction prophétique pour convoquer des personnes à recevoir le salut en Jésus-Christ et à grandir dans la communauté chrétienne[13]. Puis une mise en place des services hodégétiques et cultuels qui répondent aux attentes et correspondent à la culture du milieu. Enfin, il y a les services socioculturels qui sont mis en place et dirigés par les mêmes personnes qui ont été convoquées et formées par les services prophétiques et hodégétiques. Le mouvement a comme base l’évangélisation, la catéchisation et la formation des membres de l’Église en vue de les impliquer dans la mission qui concerne toutes les fonctions. Le schéma qui suit explique le processus. Il se lit de bas en haut et illustre le cycle de croissance intégrale de la communauté chrétienne.


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Ce schéma montre que le processus de croissance intégrale qui structure la communauté chrétienne permet un développement numérique basé sur le salut et la croissance intégrale des personnes. Le processus est un cycle convocation-formation-évaluation qui se répète continuellement. Comme une plante qui grandit, le processus assure la fortification de la base afin de pouvoir porter de nouvelles pousses. Le modèle n’est pas rigide et inchangeable dans ses méthodes. L’évaluation devrait amener les améliorations et les adaptations nécessaires. Elle ne se fera pas tant sur le critère de la quantité de personnes nouvelles que de sur la qualité des services et la satisfaction des personnes qui en bénéficient. Le cycle opérationnel de la communauté chrétienne suivra les étapes suivantes :


• Écoute du milieu et de ses besoins dans le cadre des quatre fonctions de l’Église.

• Création de services intégrés à la culture et correspondant aux attentes du milieu.

• « Promotion » des services dans le milieu.

• Opérationalisation des services d’Église.

• Observation de l’efficacité des services en place et l’évaluation de leur qualité.

• Amélioration des activités selon les résultats de l’évaluation.


Le modèle fait ressortir l’importance de s’adapter à la culture et de satisfaire les personnes du milieu et de la communauté chrétienne dans leur recherche de salut et de croissance intégrale; il est construit pour inviter les personnes du milieu à des cours de croissance par étapes, et conçoit l’implication des membres de la communauté chrétienne dans la mission comme un autre élément de leur actualisation. Mais ce n’est pas tant la quantité qui est recherchée que la qualité et l’amour dans les services offerts, services qui souhaitent attirer le plus grand nombre de personnes à connaître Jésus-Christ et à croître pour leur salut intégral et la transformation du milieu. Le modèle est missionnaire et, selon l’enseignement de la parabole de la brebis perdue, conçu pour qu’une bonne partie de ses activités interpelle les personnes qui ne bénéficient pas du salut en Jésus-Christ. Une autre façon de schématiser la dynamique du modèle est celle-ci :


Dynamique missionnaire
du modèle de croissance intégrale

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La dimension numérique n’a pas une place aussi importante que dans les modèles du Mouvement de la croissance des Églises mais elle n’est pas non plus mise de côté. La croissance numérique est un des signes de l’efficacité de la mission, mais elle n’y est pas un but en soi; elle n’est pas poursuivie pour elle-même. Si la communauté ne croît pas, une sonnette d’alarme peut être tirée, invitant à voir si les structures en place permettent à l’Esprit d’agir. Mais il y a d’autres signes à rechercher pour contrôler si la dynamique du modèle est efficace et si la mission de l’Église est vraiment en train de s’accomplir. Même la croissance intégrale proposée comme service n’est pas une fin en soi car celle-ci devrait aboutir à une ouverture sur l’autre et au don de soi.


Le modèle permet à l’Église locale, dans chacune de ses fonctions, de proposer des services adaptés à la culture de son milieu qui rejoignent les besoins des personnes à l’extérieur et à l’intérieur de la communauté chrétienne, de lutter efficacement contre les pauvretés, de faire croître intégralement par une série de cours les membres de la communauté chrétienne et de les impliquer dans les services hodégétiques, cultuels, prophétiques et socioculturels. Pour cheminer vers une amélioration et une adaptation continue des activités, l’évaluation se fait sur la qualité.


Il faut aussi évaluer la dynamique missionnaire du modèle. L’Église est là pour ceux qui ne sont pas là ou qui n’y sont plus, comme le berger qui va à la recherche de la brebis égarée. L’Église grandit pour porter du fruit. Et ce fruit est non seulement pour la communauté chrétienne, mais pour tout le milieu. L’Église devrait devenir toujours plus une bénédiction pour son environnement et réaliser la promesse faite à Abraham : être une bénédiction pour toutes les nations (Gn 12:2[14]).


Cette ouverture au monde et le souci de lui proposer des services adaptés amèneront la communauté à :

  • Adapter les activités de l’Église à la culture et aux besoins et pauvretés du milieu;
  • Faire connaître et proposer ses services de manière efficace;
  • Faire accueillir le salut et favoriser la croissance dans la vie chrétienne;
  • Former et impliquer les personnes dans les activités de l’Église;
  • Impliquer la communauté dans l’évaluation et l’amélioration continue de la qualité des services offerts par la communauté.


L’évaluation du modèle repose donc plus sur la qualité des services que sur la quantité de personnes rassemblées. La qualité comprend l’amour dans les services et leur adaptation aux besoins et à la culture du milieu. Il serait difficile de dresser une liste exacte des activités qui sont à évaluer puisqu’elles dépendent de la créativité et du projet propre à la communauté en fonction de son milieu, mais on voit que le nombre de personnes présentes sur les bancs d’église ne suffit pour conclure de la réussite de la mission.



NOTES

[11] Mat 20:28 : C'est ainsi que le Fils de l'homme n'est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour une multitude.

[12] Malachie 1:8 : Quand vous amenez des bêtes aveugles pour le sacrifice, n'est-ce pas mal ? et quand vous en amenez des boiteuses ou des malades, n'est-ce pas mal ? Présente-les donc à ton gouverneur : en sera-t-il content ? Te recevra-t-il bien ? dit Yahvé Sabaot.

[13] Les moyens à prendre pour cet effort d’évangélisation peuvent s’inspirer de différentes méthode d’évangélisation déjà existantes. Je pense, par exemple, à la méthode ALPHA, de plus en plus connue dans différentes confessions chrétiennes. Celle-ci proposes des actions concrètes pour évangéliser les personnes d’un milieu.(Cf. http://www.alphacanada.org/francais.html; http://www.emmanuel-info.com/fr/iev/152/152_4_1.htm; http://www.catho.be/bw/printemps/Archives-1999/Decembre-227.html ; http://www.uofn.ch/romande/970602.htm).

[14] Gn 12:2 : Je ferai de toi un grand peuple, je te bénirai, je magnifierai ton nom; sois une bénédiction!