3.2 Le pasteur Dale Galloway

Dale Galloway est un expert dans les groupes de maison et la formation de leaders laïcs. Il a obtenu trois diplômes universitaires dont deux en théologie; un au Nazarene Theological Seminary en 1963; et l’autre au Western Evangelical Seminary en 1992. C’est en faisant de la prédication dans un cinéma ‘drive-in’ à Portland que le pasteur Galloway a commencé à rassembler les premières personnes de sa communauté chrétienne. Il a ainsi fondé la New Hope Community Church en 1972 et fit grandir le nombre de ses membres jusqu’à plus de 6000 en 1995, année où il devint recteur du centre Beeson. Son Église a reçu le prix du Guidepost Magazine : meilleure Église de l’année. Il est un pionnier de ce que les anglophones appellent need-meeting ministries, c’est-à-dire des pastorales d’Églises dont les responsables sont des laïcs et qui fonctionnent en général sous forme de petits groupes pour rejoindre les besoins du milieu. Prédicateur très connu aux États-Unis, il a donné des séminaires et des conférences à des milliers de laïcs et ministres ordonnés. Des pasteurs du monde entier sont venus à son Institut pour la croissance des Églises afin d’apprendre comment créer et animer des ministères laïcs exercés dans les cellules de maison. Quand il quitta la New Hope Community, il y avait cinq cents pasteurs laïcs exerçant leur ministère dans les cinq mille petits groupes de maison de sa communauté. Il a écrit treize livres, dont un des plus connus est 20/20 Vision. Pendant plus de deux ans, lui et sa femme ont été animateurs d’une émission chrétienne télévisée diffusée sur la chaîne américaine CBS[59].

Dans son livre 20/20Vision (1986), Dale Galloway parle des orientations pastorales et missionnaires de sa communauté (New Hope Community Church aux États-Unis) qui auraient contribué à la croissance de son Église. Dès les premières pages, il insiste pour dire que Dieu veut la croissance numérique des Églises :

It is God’s will and purpose that your church should be a growing church and that you, personally, along with fellow Christians, should learn how to cooperate with the Holy Spirit in making this reality[60].

Comme le pasteur Cho, il parle de l’importance de la vision. Pour lui, la vision aide à savoir pourquoi l’on agit et dans quelle direction l’on va. Il la définit comme la capacité de voir des choses alors qu’elles n’ont pas encore été réalisées[61]. Plus la vision est grande, plus l’Église va devenir grande : Racontez-moi votre vision et je vous prédirai votre avenir[62]. Elle est intiment reliée à la foi car, dit-il, la vision c’est voir les choses bien avant qu’elles ne se réalisent[63]. La vision vient de la capacité à visualiser les éléments de sa foi et c’est dans la communion avec l’Esprit Saint, dans la prière, que les pasteurs peuvent recevoir la vision que Dieu veut leur donner[64]. La vision est très importante, dit-il, car avant de voir les choses se réaliser, il faut en avoir une image dans son esprit[65]. Elle demande maturation et prière mais aussi qu’on la communique à la communauté avant même qu’elle ne soit réalisée[66].

Dale Galloway souhaite que la prière ait la première place dans son Église. Pour lui, il est impossible qu’il y ait croissance sans prière[67]. La vie et le développement de l’Église dépendent de l’Esprit Saint[68]. Galloway fait donc de la prière la priorité numéro un[69] et souhaite que tous les membres de sa communauté aient une relation intime avec l’Esprit Saint. C’est aussi par l’amour vécu dans la communauté qu’il explique sa croissance : Le secret de notre croissance est l’amour[70]. L’amour motive, il unifie et crée une synergie. Quand les bénévoles se sentent aimés, ils veulent aider et travailler. L’amour crée l’unité, ainsi tous travaillent de concert et arrivent au succès[71].

Galloway estime que le pasteur doit être une personne qui montre la direction à prendre, qui sait voir les obstacles avant qu’ils n’arrivent, qui écoute les conseils et prend les décisions au bon moment. Il est un homme rempli de l’Esprit Saint qui communique le projet et l’identité de l’Église. Rempli d’enthousiasme, il donne envie d’agir. Dale Galloway aime les gens, il se veut un homme de relations humaines qui dirige par l’amour et qui acquiert, des personnes dont il a la charge, le droit de diriger. Son rôle est de fixer des objectifs qui ont du sens et qui sont mesurables, mais il ne fait pas tout lui-même, il délègue ses responsabilités et ses tâches et s’appuie sur la motivation et les compétences de chacun. Il choisit, si possible, ses employés parmi les personnes de sa communauté chrétienne car ils sont plus aptes à saisir la vision. Il les rémunère autant que ce qu’ils obtiendraient ailleurs pour le même emploi[72].

Dans son Église, le plus possible de chrétiens reçoivent une formation afin que leur soit donnés un ministère bénévole. Rien n’est plus gratifiant pour les chrétiens, dit-il, que de se savoir l’instrument de Dieu. Comme le pasteur Cho, il a mis sur pied une structure de petits groupes qui permet l’implication active de la plupart des membres de sa communauté[73]. Il aide les laïcs à réussir dans leur ministère, il les motive, il leur montre de l’amour et les récompense. Plus ils sont impliqués, plus ils sont récompensés[74].

Dale Galloway pratique aussi une évangélisation par objectifs de croissance numérique[75], mais il insiste aussi sur les notions de qualité et d’excellence[76]. La poursuite de l’excellence dans la qualité des services proposés par l’Église apporte le respect des non-célébrants (unchurched) et donne aux membres de l’Église le sens de la dignité. Les employés ont à être les premiers à en donner l’exemple afin que les personnes en contact avec l’Église rendent gloire à Dieu. L’excellence devrait être recherchée dans toutes les activités de l’Église: que ce soit la prédication, le décor, l’accueil, le système de son et d’éclairage. Elle doit aussi être poursuivie au niveau de la fraternité et de l’amour. Comme dans la grande majorité des Églises évangéliques, on fait en chaire, pour les visiteurs ou les nouveaux, un appel à la conversion, à savoir une invitation à confier publiquement sa vie à Jésus et à accepter le salut[77]. Pour les personnes qui ont posé ce geste, une formation est donnée pour aboutir, quelques mois après, au baptême et à une alliance avec l’Église : I believe that people need to make a commitment to a local church body[78].

Le pasteur accorde une grande importance à la qualité des célébrations : qualité de la musique, de la prédication et même de l’ambiance qu’il souhaite être celle de la fraternité et de l’amour inconditionnel : faites de toutes les célébrations un temps de réjouissance, conseille-t-il. Ses services religieux visent à faire rencontrer Jésus et advenir des miracles. Le pasteur estime que la chorale, l’orchestre, les chants, la prédication, la prière, la fraternité aident à élever le cœur et font aimer Dieu. Il souhaite que les gens qui viennent à l’Église aient l’impression « qu’il va se passer quelque chose » et que de fait cela se réalise. On pratique l’imposition des mains pour les besoins des membres[79].

Dans la mise sur pied des activités locales, un de ses principes de base est de répondre aux besoins du milieu, de soulager et de guérir les souffrances qui s’y trouvent : Find a need and fill it ; Find a hurt and heal it[80]. Il dit que les pasteurs devraient avoir un cœur de pionnier et d’entrepreneur. Il faut construire peu à peu, c’est-à-dire ajouter une nouvelle activité chaque année selon les besoins et les possibilités de la communauté. La communauté doit construire sur ses forces et avoir le courage de regarder ses points faibles afin de s’améliorer[81]. La stratégie du pasteur est d’innover et de s’adapter au milieu. Il souhaite ne jamais se laisser emprisonner dans une culture d’Église ou des façons de faire qui ne sont plus pertinentes dans le temps présent et la culture actuelle[82]. Il utilise son potentiel humain et matériel au maximum[83]. Il assure une bonne accessibilité à l’Église avec suffisamment d’espace de parking. Lorsque le lieu de culte est trop rempli, il préfère multiplier les services religieux que de se lancer trop tôt dans une nouvelle construction.


NOTES:

[59] Cf. Asbury seminary, Beeson center staff, http://www.asburyseminary.edu/bc/beeson/staff/daleg.shtml, 2000.

[60] D. GALLOWAY, 20/20Vision, Portland, Scott Publishing, 1986, p.9.

[61] Ibid., p.24 (notre traduction).

[62] Ibid., p.32.

[63] Ibid., p.29.

[64] Cf. ibid., pp. 30-31.

[65] Ibid., p.34 (notre traduction).

[66] Cf. ibid., pp. 40-41.

[67] Cf. ibid., p. 101.

[68] Cf. ibid., p. 43.

[69] Cf. ibid., p. 60.

[70] Ibid., p. 74 (notre traduction).

[71] Cf. ibid., pp 78-79.

[72] Cf. ibid., pp. 106-107.

[73] Cf. ibid., pp. 16 et 104.

[74] Cf. ibid., pp. 95-105.

[75] Cf. ibid., p. 91-92.

[76] Cf. ibid., p. 107.

[77] Dans les Églises évangéliques, cette démarche pastorale est courante, on peut même dire qu’elle fait partie du rituel. Les prédicateurs, après leur enseignement, exhortent les auditeurs qui s’y sentent interpellés à s’avancer face à l’autel et à répéter une prière de repentir. C’est une démarche de conversion initiale ou de renouvellement pour « recevoir Jésus » et accepter son salut.

[78] D. GALLOWAY, op. cit., p. 104.

[79] Cf. ibid., pp. 102-103.

[80] Ibid., p. 105.

[81] Cf. ibid., pp. 107-109.

[82] Cf. ibid., p. 16.

[83] Cf. ibid., pp. 108.