5.4 Leadership, délégation de pouvoir et motivation des membres de la communauté chrétienne

Un des freins à la croissance des Églises, d’après les auteurs du MCE est le manque de leadership de la part des responsables et l’absence de leaders laïcs dans la communauté[29]. Cho, dans ses écrits, insiste pour dire que la place du leader est essentielle. C’est de lui que doit provenir la vision et c’est à lui de la communiquer à l’ensemble de la communauté. C’est aussi lui qui fixe les objectifs, planifie, organise, prévoit un budget[30]. Il motive les membres et les récompense[31].

En gestion, très nombreuses sont les études qui ont été faites sur le leadership et la prise de décision[32]. Selon une théorie appelée chemin-but, l’efficacité du dirigeant serait en lien avec sa capacité de récompenser ses subordonnés. Les ordres sont acceptés quand les subordonnés sont persuadés qu'ils produiront pour eux des avantages immédiats ou tout au moins qu’ils permettront de satisfaire leurs besoins futurs. La récompense est liée à l'exécution de certaines tâches ou à la réalisation d'objectifs spécifiques. Cette théorie suggère aux dirigeants de stimuler la volonté des employés en augmentant la rémunération de ceux qui atteignent des objectifs fixés[33]. Ce principe de récompense est mis en application dans l’Église de Dale Galloway : The bigger their ministry becomes, the more the Senior Pastor likes it and rewards it[34]. Cho, lui, récompense et motive les responsables de son Église par la considération, la reconnaissance et l’amour[35].

Les écoles de gestion invitent les dirigeants à définir la mission de base de l’organisation, à sortir des habitudes, de la routine pour reformuler la vision, et ajuster les relations humaines pour l’accomplir[36]. Exercer le pouvoir signifie faire réaliser des choses, être l'agent du changement. Toutefois, les dirigeants ne devraient pas raisonner en termes de « pouvoir sur » mais de « pouvoir avec ». Le pouvoir est partagé plutôt qu’imposé d’où l’émergence d’un facteur clé en gestion : la délégation[37]. C’est ce que l’on constate dans toutes les Églises observées dans cette partie. Le rôle du responsable de la communauté chrétienne est certes central, mais son efficacité ne repose pas seulement sur sa personnalité ni sur ses dons, il délègue[38]. La délégation est la caractéristique des Églises en croissance. C’est quand le pasteur Cho tomba malade et qu’il fut malgré lui obligé de déléguer son autorité qu’il connut un développement sans précédent.

Avec la délégation doit venir le changement de structures afin de décentraliser l’organisation. Une volonté de délégation sans une structure décentralisée ne servirait pas à grand-chose. Délégation et structures décentralisées vont de pair. Moïse a lui-même appris, à cause de sa surcharge de travail, à déléguer ses tâches : ... Jéthro vit que c’était trop pour Moïse et il lui montra comment déléguer son autorité afin qu’il ne s’épuise plus à essayer de satisfaire les besoins de tous les gens dont il avait la charge[39].


NOTES:

[29] Parmi les auteurs du MCE qui ont systématiquement développé le sujet sont Robert Logan et Peter Wagner.

[30] Cf. D. Cho, Au-delà des chiffres, p. 147.

[31] Cf. id., Les cellules de maison et la vie de l’Église, pp., 139-142.

[32] Cf. J. DUNCAN, op. cit., pp. 160-161.

[33] Cf. ibid., pp. 174-175.

[34] D. GALLOWAY, op. cit., p. 97.

[35] Cf. P. Y. CHO, Les cellules de maison et la vie de l’Église, pp. 135-143.

[36] En cherchant à aller au-delà de l’efficacité, le leadership transcende ce que l’on appelle communément Human engineering.

[37] Cf. J. DUNCAN, op. cit., p. 183

[38] Cf. D. Galloway, op. cit., p. 87.

[39] Cf. P. Y. CHO, Au-delà des chiffres, p. 42 et cf. Ex 18.