6.1.1 Les promesses d’expansion numérique

Dès le livre de la Genèse, on découvre des promesses numériques faites par Yahvé à son peuple. Lorsque Dieu parle à Abraham, il lui dit : Je rendrai ta postérité aussi nombreuse que la poussière de la terre : celui-la seul qui pourrait compter les grains de la poussière sur le sol, pourra compter ta postérité (Gen 13:16). Cette promesse a été transmise de génération en génération. À Isaac, fils d’Abraham, Dieu dit : Je suis le Dieu d'Abraham, ton père; ne crains point, car je suis avec toi; je te bénirai, et je multiplierai ta postérité, à cause d'Abraham, mon serviteur (Gen 26:24). Et à Jacob : Je te rendrai fécond, je te multiplierai, et je ferai de toi une multitude de peuples… (Gen 48:4). La promesse a perduré jusqu’aux prophètes. Jérémie la rappelle lorsqu’il adresse, au nom de Dieu, ce message au Peuple d’Israël : Je les multiplierai, et ils ne diminueront pas; je les honorerai, et ils ne seront pas méprisés (Jer 30:19). Le Roi David en fut lui-même le destinataire: De même qu'on ne peut compter l'armée des cieux, ni mesurer le sable de la mer, de même je multiplierai la postérité de David, mon serviteur… (Jer 33:22).

Au chapitre dix-sept de la Genèse, une précision importante nous est donnée : La promesse de croissance numérique est reliée à l’Alliance. Lorsque Dieu parle à Abraham, il lui dit : J'établirai mon alliance entre moi et toi, et je te multiplierai à l'infini (Gen 17:2). Le terme bérit (alliance) désigne essentiellement cette promesse faite à Abraham qui comporte la multiplication du peuple dont YHWH est le Dieu[1].

On retrouve aussi ce lien entre l’Alliance et la croissance numérique dans le livre du Lévitique : Je me tournerai vers vous, je vous ferai croître et multiplier, et je maintiendrai mon alliance avec vous (Lev 26:9). Si le peuple est fidèle à l’Alliance, la croissance se réalise. Écoutons le prophète Ézéchiel parlant au nom de Dieu : Je traiterai avec eux une alliance de paix, et il y aura une alliance éternelle avec eux; je les établirai, je les multiplierai, et je placerai mon sanctuaire au milieu d'eux pour toujours (Ez 37:26).

La conviction d'être l'objet des promesses divines est ancrée dans la conscience d'Israël. Le choix divin constitue l'origine même des Israélites. C’est Yahvé lui-même qui s'est créé un peuple en choisissant d’abord Abraham, il l'a séparé de sa terre, de sa famille, de la maison de son père pour l'envoyer dans le pays qu'il lui montrerait (Gen 12:1). Il lui a promis non seulement la terre de Canaan mais aussi une postérité, nombreuse comme les étoiles du ciel et comme le sable qui est au bord de la mer. (Gen 22:17). Et c'est sur la base de ces promesses que Dieu a conclu son alliance[2] : Maintenant, si vous écoutez ma voix et gardez mon alliance, je vous tiendrai pour mon bien propre parmi tous les peuples, car toute la terre est à moi (Ex 19:5).

NOTES

[1] Cf. P. BUIS, « Comment au septième siècle envisageait-on l’avenir de l’Alliance? Étude sur Lev. 26,3-45 », dans Question disputés d’Ancien Testament : Méthode et théologie par C. Brekelmans, Gembloux, Leuven University Press, 1974, p. 137.

[2] A. Jaubert, La notion d’alliance dans le Judaïsme aux abords de l’ère chrétienne, Paris, Editions du Seuil, 1963, p. 27.