7.2.4 Conclusion

Frankl nous rappelle que la vie ne peut avoir de sens sans buts. Et dans cette optique, on pourrait dire que les Églises devraient se fixer un but et des objectifs. Mais ce n’est pas le fait de se fixer des buts qui questionne, c’est que ces buts soient numériques. Car on est alors dans une démarche chrétienne exclusivement de réalisation, il manque la dimension de l’expérience intérieure. Il y a risque que la croissance spirituelle soit évaluée au nombre de convertis que l’on produit et au nombre de personnes que l’on amène à l’Église. Comme si la considération que l’on pouvait avoir pour soi-même ou pour l’autre découlait de la capacité à recruter du monde. On se donne ou l’on accorde de la valeur aux personnes qu’en fonction de leur utilité.

L’auteur rappelle que l’amour des autres est plus important. Grâce à l’amour on peut se protéger du non-sens et endurer jusqu’aux pires épreuves. L’amour permet de préserver sa dignité, dignité que l’on peut perdre si l’on perd pied moralement. Selon l’éthique de responsabilité de Frankl, la question à se poser en Église n’est pas : Combien puis-je amener de personnes nouvelles ? mais : qu’est-ce que les personnes de mon milieu et de ma communauté chrétienne attendent de moi ? En fonction de ce que la communauté est capable de faire et d’une sincère volonté de répondre, par amour, aux besoins des personnes du milieu, les responsables pourront donner du sens à l’action ecclésiale.

La pensée de Frankl confirme et complète l’éclairage apporté par la réflexion sur le pragmatisme et la praxéologie. Non seulement devrait-on chercher à être efficace en Église, mais on devrait donner autant d’importance à l’expérience intérieure qu’à la réalisation extérieure. Chercher à être efficace dans l’amour sera actualisant et générateur de sens pour la communauté chrétienne.